Jean-Baptiste Willermoz et son oeuvre
Jean-François Var, nous l'avons signalé précédemment
sur ce blog, est l'un des deux ou trois meilleurs historiens du Régime
écossais rectifié. Il est plus particulièrement le meilleur
connaisseur du fondateur de cette Maçonnerie rectifiée, c'est-à-dire
de Jean-Baptiste Willermoz sur lequel nous reviendrons plus tard sur ce blog.
En 1992, Jean-François Var prononçait une conférence
en Belgique sur le thème "Jean-Baptiste Willermoz et son eouvre".
Voici la conclusion de cette conférence :
"Pour l'auteur de ces lignes, le doute n'est pas permis. Willermoz est
un patriarche de la Maçonnerie, et non pas tant à cause de son
exceptionnelle longévité, que parce qu'il a joué pour
la Maçonnerie le même rôle que, pour le peuple élu,
les patriarches bibliques.
Avec Jean-Baptiste Willermoz, en effet, nous avons affaire à un maçon
d'envergure exceptionnelle, comme il ne s'en rencontre pas beaucoup par sicèle.
C'est indéniablement une des personnalités les plus éminentes
et les plus considérables de l'histoire de la Maçonnerie (surtout
de la maçonnerie française, mais pas uniquement d'elle) et qui
exerça sur son évolution une influence déterminante.
Véritable père fondateur du Régime Ecossais Rectifié,
il fut l'architecte en chef d'un édifice qui subsiste encore durablement
malgré d'étonnantes vicissitudes. Nous irons même plus
loin. En découvrant le texte de sa grande intervention à la
séance du 29 juillet 1782 du convent de Wilhelmsbad, nous avons eu
un choc devant sa force métaphysique vraiment hors du commun - laquelle
se retrouve également dans nombre d'autres exposés restés
malheureusement inédits ou confidentiels. Parmi les écrivains
maçonniques du XVIIIè siècle que nous connaissons, nous
n'hésitons pas à dire qu'il est le seul écrivain métaphysicien,
le seul à développer une conception métaphysique, c'est-à-dire
purement spirituelle et ésotérique, et non pas seulement morale
ou sociale de la Maçonnerie. Une conception engageant tout l'homme
: son passé, son présent et son avenir, parce qu'elle est relative
à l'être de l'homme, qu'elle est ontologique. Une conception
embrassant la totalité des temps du commencement à la fin, et
qui anticipe sur Guénon - pas moins ! - en ce qu'elle comporte l'idée
d'une Révélation primitive assortie d'une Initiation primordiale
dont l'initiation maçonnique n'est qu'une modalité (...)".
(J.-F. Var, JBW et son eouvre, Cahiers Geoffroi de Saint Omer, GLRB, 1992,
pp. 70-71)