LETTRE A UN AMI
Georges DESCORMIERS
«PHANEG»
CHER AMI,
J'ai commencé dans ma dernière lettre à répondre à vos questions et objections, - à mon avis ce sera le moyen le plus fécond en résultats heureux - car la voie du coeur ne s'enseigne pas. La lumière successive que vous pourrez recevoir dans votre interne, la compréhension de ce que vous êtes réellement dans la Nature, la certitude absolue que vous ne pouvez rien par vous-même, tout cela ne dépend pas de moi. Seulement, la réponse à vos objections et à vos questions aura pour effet de vous faire connaître, intellectuellement , la façon dont ceux qui vous ont précédé, comprennent les diverses situations dans lesquelles l'Initié peut se trouver dans la vie, et la solution qu'ils donnent aux plus importants problèmes qui peuvent se présenter à eux.
Vous m'aviez posé certaines questions au sujet du magnétisme personnel, et j'avais commencé d'y répondre. Je continuerai aujourd'hui, car cette doctrine est absolument l'opposé de nos croyances et il est nécessaire, si vous voulez nous suivre, qu'il ne reste en vous aucun doute, à ce sujet. Vous me dites:
« Avec le magnétisme personnel, je possédais la force négative et positive. Je puis avoir besoin de m'attirer des amis pour faire un bien quelconque ou me faire protéger. On rencontre dans la vie des caractères impossibles et je puis avoir besoin d'influencer telle ou telle personne, si elle est injuste pour moi. »
Il faut d'abord bien vous persuader que par concentration de volonté magnétisme personnel, vous ne pouvez produire qu'une force analogue à vous-même, par conséquent très faible, et aussi que par cette force vous pouvez agir seulement sur les instruments d'un Esprit, c'est-à-dire son corps physique, son corps électro-magnétique; parfois, son corps astral. Vous n'atteignez nullement l'Esprit lui-même. Vous ne pouvez donc produire en lui que des actions momentanées n'échappant pas à l'espace et au temps. Si donc vous voulez attirer un ami, par ces procédés, vous ne ferez qu'une action superficielle et sa personnalité vraie ne vous étant pas gagnée, tôt ou tard il vous trahira et vous en voudra parce que vous aurez porté atteinte à son libre arbitre. Or, vous devez, comme initié, ne jamais considérer votre existence comme unique et séparée. Vous êtes immortel et étroitement lié à vos frères.
Tout dans ce monde n'est que le produit d'action, d'interaction et de réaction des hommes les uns sur les autres. Vous ne devez donc jamais agir en prenant comme base votre personnalité. Vous me dites encore que «vous pouvez, à un moment donné, avoir à influencer telle personne (pour faire un bien quelconque)», et aussitôt après, vous laissez passer le bout de l'oreille en ajoutant: «ou pour ME faire protéger».
Dans les deux cas, comme initié, vous ne pouvez pas agir ainsi.
Vous voulez influencer une personne pour lui faire du bien.
Rappelez-vous d'abord que si vous avez tout droit sur vous-même, vous n'en avez aucun sur les autres.
Ce que vous appelez faire du bien à quelqu'un, c'est, je suppose, lui enlever une maladie, une épreuve, le faire gagner à la loterie, etc., même le guérir d'une faiblesse morale, d'un défaut. En apparence, c'est très bien, mais, en réalité, vous sortez de votre rôle et vous faites du mal à cette personne, car cette maladie lui permettait de payer une dette qu'elle sera obligée de payer plus tard avec les intérêts; car cette épreuve lui en enlevait une plus terrible; car cet argent gagné à la loterie aura des conséquences désastreuses pour son évolution spirituelle ou morale; car un défaut est un Être vivant dans la nature, et comme tel on doit chercher à l'évoluer non à le détruire. Ainsi de suite.
Enfin, si c'est pour vous faire protéger, c'est encore mauvais, car pour vous qui voulez changer de base dans la vie, tout succès matériel qui n'est pas dû à vos amis, aux Envoyés de votre Maître, mais bien à une action volontaire, est mauvais. Réfléchissez bien sur cette lettre et vous verrez que j'ai raison.
Bien à vous.
G. PHANEG