LE CORPS, LE CUR DE L'HOMME ET L'ESPRIT
Pour faire
un corps humain, il a fallu - en partant de la matière brute, c'est-à-dire
des atomes de carbone, d'oxygène, de silice, de calcium, de soufre,
tels que nous les trouvons dans les couches profondes de la terre ; en partant,
en un mot, de la plus extrême limite que l'analyse chimique nous permette
d'atteindre - il a fallu, disons-nous, que durant des siècles et
des siècles, la molécule de carbone, par exemple :
I° Ait pris contact avec d'autres molécules de carbone (I).
2°Ait pris contact avec d'autres molécules de calcium, d'hydrogène
ou d'azote en se combinant avec elles.
L'atome de carbone a dû épuiser la série des combinaisons possibles dans la matière minérale, avant de connaître, d'être connu, assimilé par d'autres atomes, depuis la combinaison la plus simple : oxydation = union avec l'oxygène, jusqu'à entrer en collaboration avec un grand nombre d'atomes divers formant les corps complexes : carbures, amides, qui, au fur et à mesure, deviennent doués de propriétés de plus en plus variées, jusqu'à atteindre le monde des parfums.
3° Car, en devenant composant d'un corps végétal, la molécule complexe où figure notre atome de carbone a manifesté des propriétés différentes.
Si bien que la chimie a dû, devant la complexité et les propriétés nouvelles de cette série de molécules qu'elle trouve dans le végétal, établir une division entre les corps qu'elle étudie - chimie organique et inorganique - avouant ainsi son impuissance à faire entrer complètement les actions biologiques, la vie, dans le cadre des actions chimiques pures.
C'est ainsi
que la chlorophylle, certains sucres qu'on trouve dans les végétaux
peuvent être analysés, contenir notre molécule de carbone,
mais que si la chimie arrive - ce qu'elle a fait pour certains corps (essences)-
à bâtir de toutes pièces, en partant du carbone minéral,
un corps :
elle constate que son corps synthétique, quoique de même architecture que le corps pris à la nature et contenant le même nombre d'atomes semblables, n'a pas exactement les propriétés du corps végétal, à l'égard de nos sens, à l'égard même des réactifs chimiques.
4° Du règne végétal, l'atome de carbone va passer dans le règne animal, par l'intermédiaire des herbivores.
L'animal mange de l'herbe, des feuilles, des fruits et il en fait du sang, fixant le carbone dans son hémoglobine et ses tissus. Et ici la différenciation, l'évolution de l'atome carbone sont devenues si grandes que ce n'est même plus dans une molécule complexe que la science le constate, c'est dans l'atome carbone, isolé cependant par l'analyse, mort, fixé comme particule matérielle. Le carbone a tellement évolué que, même après destruction de la molécule dont il faisait partie, il possède des propriétés bien plus nombreuses, bien plus grandes, - comme absorption, par exemple, - que l'atome identique de carbone pris dans le monde minéral et même dans le monde végétal, qu'il y a même des différences entre l'atome tiré du sang et celui tiré de l'os (2).
Qu'on étende cela aux divers atomes des corps simples, aux molécules, aux cellules, on jugera quel chemin a fait la matière vers un état nouveau, quelle transformation de nature et de capacités elle présente déjà. Ce n'est plus la même matière ; une force spéciale, une vie est en elle, la douant de qualités qui n'existaient pas à l'origine. Baignée dans le même océan d'éther cosmique, d'esprit, elle en reçoit, réfléchit, réfracte les ondes en les transmuant autrement. Elle se rapproche de son énergie ; elle traduit mieux, plus complètement le symbole qu'elle est en principe, la face de l'être universel qu'elle reflète.
5° Enfin, du corps animal primitif, l'atome de carbone passe dans le corps humain.
Un milieu organique, qui existait déjà dans le végétal, s'est perfectionné dans le protoplasma animal. Cette gelée protoplasmique s'agrège : une cellule naît, avec son centre d'équilibre et d'attraction, sa zone limitante ou cuticule.
L'être monocellulaire, plus ou moins gros, plus ou moins régulier, existe dès lors, ayant son organisation sa circulation intérieure, ses échanges avec l'extérieur : courant d'absorption qui lui amène des éléments voisins, des liquides où il baigne, les substances nécessaires à son entretien ; courant d'excrétion, d'émission, rendant en énergie, en matériaux, une portion grande, égale, supérieure peut-être en certains cas (3) - si étrange que cela puisse paraître à priori - inférieure parfois aux éléments, aux sources d'énergie qu'il reçoit.
Ce que nous avons dit de l'atome, nous pouvons presque le redire de la cellule. Pour qu'une cellule, qu'un de ces petits éléments vitaux à corps bien distinct, à fonctions, à qualités, à personnalité distinctes aussi, arrive à son complet épanouissement, il faut des siècles nombreux et des alliances diverses de molécules. A la fin, elle possède un centre vital, un noyau, une conscience rudimentaire, un Moi qui dirige, maintient le mouvement des molécules qui la composent, qui les choisit, les emploie, étendant déjà son champ d'action - son corps par conséquent - au-delà de la cuticule (4) qui l'enveloppe. C'est la plus petite personnalité que nous connaissions, comme l'atome était, pour nous, la limite extrême de l'être matériel.
6° Il a
fallu, ensuite, que cette cellule entre en contact avec une autre cellule,
avec un non-moi, avec plusieurs autres, - contacts d'abord hostiles, car
la défense de son existence fait de tout autre élément
analogue une proie ou un ennemi (instinct de conservation). Elle prend conscience
de la lutte, de l'effort, de la souffrance. Enfin, l'adaptation se fait,
si elle a survécu (5), et, réunies dans un même milieu,
les cellules composent :
A - par leur homogénéité, un tissu ;
B - par un groupement de cellules hétérogènes, un organe.
Si petits soient-ils,
ces groupements sont les premiers qui se sont produits et ont créé
un corps complexe primitif, celui qui était le plus apte à
maintenir et à conserver la variété des cellules qui
s'étaient agglutinées et adoptées.
Tissu ou organe, protoplasma, protozoaire, zoophyte, cette colonie a eu
son rôle, son mandat primitif, individuel. La spécialisation
des fonctions s'est faite : un corps végétal, puis animal
s'est formé.
N'oublions pas que ce développement de l'être se fait au sein de l'éther universel (Ki, des Chinois), au sein de l'esprit universel.
Son champ d'action augmente, en même temps que sa conscience. En s'élevant, en s'augmentant, l'être réfléchit par ses sensations, ses sentiments, ses pensées, une lumière plus grande.
La reproduction n'est qu'un phénomène connexe de son accroissement : la cellule se divise (scissiparité) lorsque le milieu devient trop grand pour un seul centre directeur. L'instinct de reproduction, dans les animaux supérieurs, n'est, en somme, qu'un instinct secondaire, dérivant de l'instinct de conservation, qui ne peut apparaître que lorsque la différenciation est déjà très avancée.
7° A l'apogée, le corps animal atteint la figure, la proportion humaine.
Il a son corps
physique, qui s'étend au-delà de son corps apparent. Il a
la somme des instincts acquis par toutes les cellules, par tous les êtres
que son moi a vécus. II a son action et reçoit les réactions
de tous ces êtres.
La respiration, ce simple phénomène, est le signe et le témoignage
le plus éclatant de cette connexion qui l'unit sans cesse au milieu
ambiant, avec son double mouvement d'aspiration et d'expiration.
Il atteint alors, en même temps, comme niveau dans l'échelle
des êtres, un point plus élevé, où ses organes
supérieurs baignent dans la lumière, dans l'esprit. Son moi,
mené jusque là par les instincts de son organisme (conservation,
reproduction), prend tout à coup conscience de l'intelligence, de
la mémoire et de la volonté. La fleur se forme. Et ce tout
à coup n'a rien de plus miraculeux, ni de plus illogique que la formation
de la fleur dans la plante.
En lui fleurit le sceau divin, ternaire, à l'image de Dieu, et cette
floraison n'a rien de plus brusque, de plus étrange, que l'apparition
subite, anormale, de la fleur, différente de forme, de couleur, d'éclat,
de parfum et de fonction, sur l'arbuste qui, jusqu'alors, n'avait produit
que des tiges, des feuilles, selon sa racine et semblables à elle.
Tout à coup surgit la fleur, attirant les yeux, réfléchissant la lumière colorée, appelant les abeilles et les oiseaux du ciel, symétrique, merveilleuse, entièrement différente du reste de l'arbuste, et comme nature et comme fonction ; de même, chez l'homme, après un lent travail de préparation insoupçonné, un jour surgit l'âme, réfléchissant l'Esprit (6), participant à l'Esprit, avec ses fonctions spéciales (volonté libre, mémoire, intelligence). Le cur, le sentiment s'ouvrent : les oiseaux du ciel viennent. Un Moi-Esprit est né. Il prend conscience de Lui, de son libre esprit, de ce qui l'entoure.
Le monde lui apparaît comme une ruche d'activités individuelles, une république de consciences, de "Moi ", unis en un corps commun, l'Adam universel, dont le Christ est le chef, la conscience une et suprême.
" Dans ce corps total, le corps humain de chaque conscience constitue une fraction, faite de représentations (7), au moyen de laquelle la conscience " agit sur le reste de l'objet. Impossible, en effet " de distinguer absolument notre corps de la nature, dans laquelle il se perd par une multiplicité immense de relations (8). Si la nature est un système (9), l'objet total est vraiment mon corps. " C'est lui tout entier, soit le monde complet avec la complexité inouïe de ses parties, que je perçois confusément dans l'ensemble de mes sensations : " la coénesthésie (10) en est la portion la plus obscure, la vue et l'ouïe, la portion la plus distincte.
" Par abstraction, j'appelle " mon corps " la région la plus voisine et docile, par où j'agis le plus consciemment sur le monde. Mon idéal est, comme l'a dit Renouvier, de l'étendre jusqu'à le lui rendre coextensif, dans ma conscience, malgré la mort qui ne doit pas être absolue " (11).
Mais mon corps va plus profondément, il plonge par des racines jusqu'au fond de la matière primitive, il est en rapport sans cesse, par échange, respiration, nourriture, actions, réactions, avec tout l'univers, des couches profondes de notre terre jusqu'à Sirius dans le ciel (12).
L'homme prend conscience de l'Esprit en lui, de l'Esprit en l'univers, de l'Esprit qui est Dieu même, - " susceptible de tout aimer, de tout savoir, de tout adorer " (PASCAL).
" L'esprit, baignant dans l'Esprit, est toute bonté, tout savoir,
toute vertu " (San Tseu King).
" Il y a en nous des vérités éternelles qui sont
supérieures à l'expérience " (LEIBNITZ).
" L'intelligence humaine se représente alors Dieu sous les trois
points de vue les plus simples, selon les trois sommets d'un triangle dont
le centre, inaccessible, est l'Unité " (TRINE).
" L'essence divine est la vie même de chaque être (Sing)
". C'est son nom véritable. " Je suis ton propre esprit
", a dit l'Ecriture." Dieu seul existe et existe dans notre esprit
" (Imitation de J.-C.).
Il y aura évidemment toute une échelle de ces " Moi-Esprits
", depuis les plus rudimentaires, voisins du moi-végétal,
du moi-animal, voisins de la brute, et ce seront les plus nombreux, jusqu'aux
plus élevés - sages, saints, - de l'infinie multiplicité
jusqu'à l'Unité.
Et, dans ce triangle qui représente l'Adam universel, l'Humanité individualisée (triangle humain), chaque zone horizontale correspondra à une espèce d'esprits, ayant la même valeur, la même fonction (comme seraient dans le règne végétal les bouleaux, les chênes ou les rosiers).
L'Esprit ne s'affirmera pas complet, parfait, dès le début. Il a en germe, - comme la graine contient l'arbre, - toutes ses puissances d'être, ses aptitudes innées à développer, à réaliser le type idéal de son espèce. Mais ce n'est que progressivement, par luttes, oppositions, contacts, adaptations aux autres " Moi-Esprits ", qu'il arrivera à développer entièrement en Lui le Savoir et l'Etre, à réfléchir dans la perfection l'esprit selon l'espèce qu'il manifeste (13).
Ce processus de développement d'une individualité humaine dans le corps de l'humanité sera le même que celui d'une cellule dans le corps d'un homme, d'un atome dans la matière.
L'Homme-Esprit
communique latéralement, en direction horizontale, avec tous les
Hommes-Esprits de son espèce - de sa famille. Ils vivent de la même
vie, l'un dans l'autre, accomplissant la même fonction (14).
Au-dessus de lui, en le supposant en A, (15) est tout un monde (triangle
renversé) d'êtres supérieurs à lui en lumières,
en sainteté. S'il ouvre la porte supérieure de son cur,
- pour employer la si belle et si juste expression de L.- C. de Saint-Martin,
- par le désir, l'effort, l'abnégation ; s'il tend vers l'Unité
et la Perfection divine, il permet l'entrée en lui de toutes les
inspirations, de toutes les "vertus ", de tous les secours d'en
haut. Il monte dans la lumière. Il reçoit le pain spirituel,
ce que l'Ecriture appelle le pain des anges. Il se rapproche du Christ (16).
Au-dessous de lui, il communique avec sa souche matérielle. Il reçoit de tous les êtres qui sont sur sa route, au travers de qui son corps a évolué et évolue, la force vitale, la substance physique qui fait que son corps existe. Sur ces êtres, y compris les êtres humains d'ordre inférieur (17), il règne, il a tous droits, mais il leur est attaché par une responsabilité devant l'Esprit. C'est le prolongement réel de son corps dans la matière. Il a, à l'égard de ces êtres, les mêmes devoirs qu'il a à l'égard de son propre corps, car ils en font partie : il en est le chef, le patriarche, le pontife.
Eux communiquent par la " porte inférieure " du cur. Il doit les aider, les instruire, favoriser le développement de chacun d'eux selon sa nature propre (Sing) (18), sans les laisser envahir son cur et dominer en lui (instincts) (19), mais en leur permettant l'accès de la lumière qu'ils ne peuvent avoir qu'au travers de son cur (20).
De la souche
vient toute force physique, toute la puissance des instincts, toutes les
forces égoïstes. Il doit les empêcher de se créer
centres elles-mêmes et de perdre, par déviation, la direction
qu'elles ont vers lui (21).
Son premier devoir est de se connaître, de connaître et de trouver
l'Esprit en soi (identification au Tao), puis d'agir sur soi, sur sa souche,
sa famille, etc., progressivement, selon ses forces, pour mettre le sabbat
(Saint Martin) ou le Tao (Lao Tseu), en lui et autour de lui, par l'exemple
uniquement.
CONCLUSION - Le rôle social de l'homme, sa ligne de conduite, sa morale,
se déduisent de ces connaissances de l'homme, de la Vie et de l'Esprit.
L'histoire n'est qu'une lutte perpétuelle entre la rébellion, l'action de la nature (de la matière, de la souche, de Caïn, esprit égoïste, - triangle inférieur) contre l'action de l'homme-Esprit et des Esprits (abnégation, désir, sacrifice, amour, enthousiasme, aspiration vers Dieu, Abel - triangle supérieur), dans chaque homme, comme dans chaque groupement humain, qui est un être, un autre genre d'individualité humaine...
Les Sages, les Saints, réenseignent toujours les mêmes vérités, la même Vérité, puisque la Vérité, - cette constitution du monde que nous venons d'exposer étant Une et Unité, Union, ils ne sauraient enseigner autre chose. La forme seule change, selon les temps et les gens. Avant, comme après N.-S. Jésus-Christ, l'action de l'Esprit s'est toujours exercée à travers les hommes doués (terme chinois : Jên, égal à homme de désir, homme-esprit, en opposition à Siao Jên, homme du torrent, homme du siècle). Mais N.-S. Jésus-Christ a été le modèle et le témoin parfait, divin, l'agneau qui s'est laissé sacrifier, donnant sa vie en témoignage de la Vérité. Chacun a son mandat à remplir (Ming). Chacun a son cur avec ses deux portes, ouvertes ou fermées : la supérieure, sur le monde de l'Esprit, laissant pénétrer la rosée du Ciel, la voix des ancêtres, du Maître, l'inspiration des anges, des hommes supérieurs à nous ; l'inférieure, qui nous apporte la vie matérielle (22) et communique avec toutes les forces, tous les êtres d'en bas, utiles, mais dangereux.
Le désir
de l'infini, de l'Unité, est l'orientation de l'homme vers le haut,
vers l'esprit religieux (23), vers le Vrai, le Réel, l'Un.
Il faut arriver à faire sabbatiser son corps, son cur, sa famille,
puis son champ - puis celui du voisin - la terre même, enfin.
On peut s'étendre en largeur (horizontalement), communiquer avec
les êtres de son niveau spirituel.
On peut progresser en hauteur, - ou consciemment, de son gré, en
connaissant ce qu'est l'homme, la vie, la loi universelle - c'est ce que
nous avons exposé ici de notre mieux pour les hommes de bonne volonté,
- ou inconsciemment, en ignorant tout cela, soit qu'on n'ait pas cherché,
désiré, rencontré un Maître, soit qu'on ait du
retard à rattraper, - alors on marche, les yeux fermés, entraîné
par le courant, par la loi du destin, à travers la souffrance, -
soit enfin, ce qui est rare, qu'on sache la loi, la vérité
et qu'on se révolte contre elle : c'est le péché contre
l'Esprit - égoïsme, ambition, orgueil - qui fait les Judas,
les sectaires, les faux prophètes.
Par la porte inférieure, toujours entrouverte, viennent les forces matérielles, les instincts, toutes les voix de la nature. La force vitale vient de là et toute activité cesserait en nous si ce courant ascendant ne se faisait pas, mais l'homme est toujours poussé à ouvrir largement cette porte et c'est ce qu'indique L.-C. de Saint-Martin. Alors les forces élémentaires arrivent en excès, submergent l'homme, sa raison, son désir de lumière. Il est envahi par l'esprit de domination, il n'est plus le maître, mais l'esclave. Et par une impulsion continue, - analogue à celle qui attire l'âme de l'homme en haut vers la lumière, vers l'Unité (24) - toutes ces forces tendent sans cesse à envahir son cur : elles sont attirées par la lumière, car c'est l'unique chemin par où elles peuvent atteindre cette lumière, conquérir l'immortalité (25).
C'est pourquoi
l'homme doit veiller et prier, discerner les esprits (26), ne pas se laisser
submerger par eux. Mettre dans ce triangle inférieur, la paix, l'harmonie
; cultiver, élaborer, instruire par l'exemple ses cellules, ses inférieurs,
sa souche, sa famille, c'est faire sabbatiser son corps.
Donc il a trois actions à accomplir : l'une, en largeur, - dans le
sens horizontal - c'est la communion avec ses frères ; l'autre, -
en hauteur - c'est le désir, l'effort (27), le chemin rude à
suivre ; la troisième, - en bas - c'est l'harmonisation, la pacification
des forces instinctives qui bouillonnent en lui, - non pas les détruire,
mais les éclairer.
La connaissance grandit avec l'effort ; la liberté, le pouvoir grandissent avec la connaissance. Tout, dans le Saint, s'élance vers l'Unité (28), vit en elle, va vers le Fils (sommet du triangle) qui est Un avec le Père.
(Juillet 1926) DOCTEUR MARC HAVEN
(I) Avec d'autres molécules du même corps simple, de ce que l'on est convenu d'appeler un corps simple, la chimie commençant à peine à considérer les corps simples comme dissociables, destructibles, formées d'éléments primordiaux plus généraux (Théorie électronique de la molécule). L'atome - ce qui ne peut être divisé, comme l'indique l'étymologie - serait lui-même décomposable, formé d'un noyau, soleil central, autour duquel graviteraient avec des vitesses croissantes, un ou plusieurs électrons qui seraient les planètes de ce système solaire microscopique. (Cf. Dr P. DESFOSSES. Le Problème de l'Etre in revue Psyché, Décembre 1923 et Janvier-Février 1924).
En tout cas,
c'est un fait établi que, pas plus qu'il n'y a deux grains de sable
identiques dans l'infinie multiplicité de la nature, il n'y a pas
non plus deux atomes de carbone minéral identiques. Et si, chimiquement,
ils sont interchangeables, s'ils jouent le même rôle, ce n'est
qu'au point de vue relativement grossier de nos analyses chimiques. Mais
on reconnaît déjà que l'atome de carbone peut se présenter
avec des propriétés et sous des aspects différents
dans les minéraux : état allotropique, diamant et charbon,
état colloïdal, état amorphe, cristallisé, etc.
(2) Dans les échanges gazeux qui s'accomplissent dans les poumons,
entre l'air et le sang, la membrane qui sépare le gaz du liquide
ne se comporte pas comme le fait cette même membrane en dehors du
corps animal. Abel REY in Philosophie moderne, p. 184 (d'après les
observations et expériences de Bohr et de Hendenham).
(3) Car nous ne pesons - et c'est là notre seul critérium - que des éléments pondérables, et physiciens comme chimistes ne peuvent que mesurer, c'est-à-dire peser, de la matière. Mais il est des sources d'énergie impondérable - le magnétisme, la pensée, la volonté, pour ne citer que ces exemples - qu'une cellule peut recevoir du milieu d'éther universel, de l'esprit universel, où elle vit et se meut, et qu'elle peut tendre en énergies pondérables qui paraissent alors donner une somme supérieure à la somme des éléments reçus. (Cf. LEBON. L'Evolution des Forces, in-16, Patis, 1907, p. 122).
(4) La cuticule, formée de cellulose (hydrate de carbone) se trouve être le réservoir d'énergie le plus puissant qui existe dans le règne végétal. Type : coton, matière première des explosifs les plus formidables que nous fabriquions.
(5) Car il
est des êtres qui n'arrivent pas à conquérir leur immortalité.
Les alchimistes connaissaient bien ces corps, or ou argent, qui, laissés
à eux-mêmes, n'ayant pas atteint la fixité, retournaient
à leur origine : plomb ou mercure, - et la fixation du volatil était
leur grand souci. De même la paléontologie nous révèle
des espèces animales ou végétales qui n'ont fait qu'apparaître
et sont retournées au grand creuset de la nature.
(6) Car l'Esprit (le TAO en langue chinoise) parcourt sans cesse les six
directions, pénétrant toutes choses, les plus petites (atomes)
comme les plus subtiles (esprits, éther invisible). Cf. Tao Te King
et Yih King.
" En Lui nous sommes, nous vivons et nous mouvons ", dira Saint
Paul quelque mille ans plus tard.
...les six directions... Cf. Zohar, 1, ij8 a : " Le Saint, béni
soit-il, gouverne à la fois le haut et le bas et les quatre points
cardinaux ".
(7) " Représentations " : sensations, impressions, images reçues de l'univers, d'une part et de l'autre : idées, pensées, désirs, volontés, actions, par lesquels l'homme réagit sur l'univers.
(8) " Notre être est partout à la fois sans que nous nous en doutions ". J. HEUGEL. Essais sur la Vie et la Mort, p. 93. Paris, I926. Ed. Psyché.
(9) "
Système ". L'auteur vient de démontrer que l'ensemble
des choses et des êtres qui constituent l'univers ne sont pas amassés
sans ordre, à l'état de chaos, mais que, au contraire, tout
y est organisé, harmonisé, comme le sont les membres et les
organes dans notre corps, pour former un " système ", un
ensemble, avec ses rouages et ses mouvements.
" Le postulatum de la rationalité absolue de l'Univers préexiste
à tout raisonnement, il est la base de tout savoir et de toute certitude
". N. LANDUR. Recherche des principes du savoir et de l'action, p.
6, Paris, I865.
L'homme, chaque homme, a donc sa place et sa fonction dans le corps de ce
grand Adam qu'est l'Univers.
(10) " Coénesthésie " : ensemble de toutes les sensibilités, réceptivités, par lesquelles l'homme reçoit, inconsciemment, l'action de toutes les forces invisibles de l'atmosphère (électricité, magnétisme, rayons inconnus).
(11) HAMELIN.
(12) Chaque individu est comme un arbre dont les racines s'étendent à l'infini dans tous les sens. Cf. N. LANDUR. Loc. cit.
(13) "
Selon son espèce ". Genèse, chap. I, v. 21à 25.
Saint PAUL. Ire Epître aux Corinthiens, ch. XII, v. 4 à 11.
Yih King: " Chaque être exprime une face du Tao : aussi l'il
de celui qui regarde considère ce qu'il voit comme étant le
Tout ", § 1157, trad. Philastre. Annales du Musée Guimet,
t. 23.
(14) ECKARTSHAUSEN. La Nuée sur le Sanctuaire. - Thomas a Kempis.
Les trois Tabernacles, ch. XI.
Communion des Saints. Eglise intérieure. Communion d'Israël.
Rose-Croix.
(15) Le double symbolisme était représenté en Chine par le caractère Tsing, puits au centre d'un hameau, correspondant au nombre 9, à la famille et au groupement des familles ; il constitue l'un des 64 Kouas. C'était la base de répartition des terres. Cf. Li-Ki, chap. III, § I ; la note explicative du P. Couvreur à ce sujet est très intéressante : p. 265, éd. de 1913.
(16) Saint PAUL. Ire Epître aux Corinthiens, ch. XII, v. 2 : " Car comme le corps est un et a plusieurs membres et comme tous les membres, malgré leur diversité, ne forment qu'un seul corps, ainsi en est-il du Christ. Vous êtes le corps du Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part ".
(17) Celui qui marche bien (selon le TAO)... excelle constamment à sauver les êtres ; c'est pourquoi il n'abandonne pas les êtres... C'est pourquoi l'homme vertueux est le maître de celui qui n'est pas vertueux. (Tao Te King, ch. XXVII).
(18) Si les rois et les princes feudataires pouvaient le garder (le TAO), tous les êtres se transformeraient d'eux-mêmes. (Tao Te King, ch. XXXVII).
(19) Le discernement
des esprits, c'est-à-dire le jugement entre la part que l'homme doit
donner au
libre essor de la nature et le maintien de la rectitude dans l'expansion
spontanée de ces forces élémentaires qui tendent toujours
à l'excès, à l'envahissement. La paix, le sabbat réalisé
en soi, telle est l'uvre, le ministère de l'Homme-Esprit.
(20) Nos pères les Philosophes, parlant à Dieu face .à face, se plaignirent à Lui du malheur de ces peuples (les esprits élémentaires) et Dieu, de qui la miséricorde est sans borne leur révéla qu'il n'était pas impossible de trouver du remède à ce mal. Il leur inspira que de même que l'homme, par l'alliance qu'il a contractée avec Dieu, a été fait participant de la divinité, les sylphes, les gnomes, les nymphes et les salamandres, par l'alliance qu'ils peuvent contracter avec l'homme, peuvent être faits participants de l'immortalité. (Abbé DE VILLARS. Le Comte de Gabalis, p. 24. - Symbolisme du mariage des esprits élémentaires).
(21) "
C'est pourquoi, dit Boehme, il n'y a rien de mieux que de laisser chaque
chose dans sa vertu
native ". Ce sont les termes mêmes de Lao Tseu. Le non-agir consiste
à laisser chaque " sing " se développer naturellement.
C'est ce que dit Lao Tseu en signalant que si l'organisation parfaite d'un
royaume, selon le Tao, quelques activités inconsidérément,
cherchent à troubler l'ordre c'est encore par le Tao c'est-à-dire
que ce n'est ni par la violence, ni la matière, ni les lois, mais
par l'Esprit seul, que le Saint les ramènera à l'ordre (Tao
Te King, ch. XXXVII.)
(22) " Que Dieu te donne de la rosée du Ciel et de la graisse de la Terre ". Genèse, XXVII, v. 28.
(23) Cf. L'Homme des Hauteurs et les Hommes du Torrent, in Psyché, Août-Septembre 1926, p. 292,
(24) Elémentaire,
mariage des sylphes (Abbé DE VILLARS. Le Comte de Gabalis, p. 24).
..." ainsi une nymphe ou une sylphide devient immortelle et capable
de la béatitude à laquelle nous aspirons, quand elle est assez
heureuse pour se marier à un sage, et un gnome ou un sylphe cesse
d'être mortel du moment qu'il épouse une de nos filles ".
(25) " Le Tao produit (les êtres). La Vertu les nourrit. Les êtres (prennent) un corps et, par une secrète impulsion, arrivent à leur complet développement. C'est pourquoi, des dix mille êtres, il n'en est aucun qui ne révère et n'honore le Tao ". (Tao Te King, ch, 51).
(26) "
Discerner les esprits, c'est reconnaître en chaque individu son "mandat
", son nom, sa fonction, pour laquelle il a été créé
et l'aider à l'accomplissement de son uvre ". (L'Homme
des Hauteurs et les Hommes du Torrent in revue Psyché, Août-Septembre
1926, p. 294).
(27) L'effort, c'est ce que le Tao Te King (ch. IX et passim) appelle "
Kong ", " le travail méritoire ", celui qui coûte,
qui est pénible, le chemin de la croix. (Cf. L'Homme des Hauteurs
et les Hommes du Torrent, loc. Cit., p. 294).
(28) " Celui qui ramène tout à l'Unité, qui rappelle tout à l'Unité et voit tout en elle, ne sera point ébranlé ". (Imitation de J.-C., ch. III, § 2).