EMMANUEL
SWEDENBORG
TRAITE DES REPRESENTATIONS ET DES CORRESPONDANCES
Traduit du latin par J.-F.-E. LE BOYS DES GUAYS (1857)
CONTINUATION SUR LE TRES GRAND HOMME, ET SUR LA CORRESPONDANCE ;
ICI, SUR LA CORRESPONDANCE AVEC LE COEUR ET LE POUMON
3883. Il a été dit ci-dessus ce que c'est que le Très-Grand Homme, et ce que c'est que la Correspondance avec lui, à savoir que le Très-Grand Homme est le Ciel tout entier, qui, dans le commun, est la ressemblance et l'image du Seigneur, et qu'il y a correspondance du Divin du Seigneur avec les célestes et les spirituels qui y sont, et des célestes spirituels qui y sont avec les naturels qui sont dans le monde, et principalement avec ceux qui sont chez l'homme ; par conséquent, correspondance du Divin du Seigneur par le Ciel ou le Très-Grand Homme avec l'homme, et avec chacune des choses qui sont chez l'homme, jusqu'au point que c'est par là que l'homme existe, c'est-à-dire subsiste.
3884. Comme on ignore absolument dans le monde qu'il y a une correspondance
du Ciel ou Très-Grand Homme avec chacune des choses chez l'homme,
et que par là l'homme existe et subsiste, et qu'en conséquence
ce qui sera dit sur cette correspondance semblera paradoxal et incroyable,
il m'est permis de rapporter des choses qui appartiennent à l'expérience
et par suite chez moi à une foi confirmée. Un jour que le
ciel intérieur m'était ouvert, et que j'y parlais avec les
anges, il me fut permis d'observer ce qui suit : il faut qu'on sache que,
bien que je fusse là, j'étais cependant, non pas hors de moi,
mais dans mon corps, car le Ciel est dans l'homme, en quelque lieu que l'homme
soit ; ainsi, lorsqu'il plait au Seigneur, l'homme peut être dans
le Ciel, et néanmoins ne pas être détaché du
corps ; il m'était donc donné de percevoir les opérations
communes du ciel aussi manifestement que ce qui est perçu par l'un
des sens : il y avait quatre Opérations qu'alors je perçus,
la première dans le Cerveau vers la tempe gauche, opération
qui était commune quant aux organes de la Raison ; en effet, la partie
gauche du Cerveau correspond aux rationnels ou aux intellectuels, et la
partie droite aux affections ou aux volontaires. je perçus une seconde
opération commune dans la Respiration des poumons ; elle dirigeait
doucement ma respiration, mais par l'intérieur, de manière
que je n'avais besoin de diriger mon souffle ou de respirer par aucun exercice
de ma volonté ; alors la Respiration du Ciel fut elle-même
manifestement perçue par moi ; elle est interne, et par conséquent
imperceptible à l'homme ; mais elle influe par une admirable correspondance
dans la, respiration de l'homme, qui est externe ou appartient au corps
; si l'homme était privé de cet influx, il tomberait mort
à l'instant. La troisième opération que je perçus
était dans la systole et dans la diastole du Cur ; alors ces
mouvements étaient en moi plus doux que jamais toute autre situation
; les temps du pouls étaient réguliers, trois environ dans
chaque retour de la respiration, et cependant d'une telle nature qu'ils
se terminaient dans les choses pulmonaires, et ainsi le gouvernaient ; il
m'était donné d'observer en quelque sorte à la fin
chaque respiration comment les mouvements alternatifs du cur s'insinuaient
dans les mouvements alternatifs des Poumons ; les alternatives du pouls
étaient si faciles à observer que j'aurais pu les compter
; elles étaient distinctes et douces. La quatrième opération
commune était dans les Reins ; il m'a aussi été donné
de la percevoir mais obscurément.
Par là,
je vis clairement qu'il y a dans le Ciel, ou Très-Grand Homme, des
pulsations cardiaques, et qu'il y a des respirations ; et que les pulsations
cardiaques du Ciel ou Très-Gran Homme ont une correspondance avec
le Cur et avec ses mouvernents de systole et de diastole, et que les
respirations du Ciel ou Très-Grand Homme ont une correspondance avec
le poumon et avec respirations ; mais que l'un et l'autre de ces faits ne
sauraient observés par l'homme, parce que cela est imperceptible
par la raison que ces faits sont internes.
3885. Un jour aussi, que j'étais détaché des idées
qui proviennent des sensuels du corps, il m'apparut une lumière céleste
; cette lumière me détacha davantagede ces idées, car
dans la Lumière du Ciel il y a la vie spirituelle, voir n° 1524,
2776, 3167, 3195, 3339, 3636, 3643 ; tandis que j'étais dans cette
lumière, les corporels et les mondains apparaissaient comme au-dessous
de moi, et cependant je les apercevais, comme très éloignés
de moi et comme ne m'appartenant pas ; il semblait alors être dans
le ciel par la Tête et non par le Corps : dans cet état, il
me fut aussi donné d'observer la respiration commune du ciel, et
même quelle elle était ; elle était intérieure,
facile, spontanée, et correspondante à ma respiration comme
trois à un : pareillement aussi, il me fut donné d'observer
les réciprocations des pulsations du cur et alors j'étais
informé par les anges que de là provenaient les pulsations
du cur et les respirations chez tous et chez chacun sur la terre ;
et que si elles se font en des moments différents, cela venait de
ce que la pulsation cardiaque et la respiration pulmonaire, qui se font
dans les cieux, passent dans une sorte de continu, et ainsi dans un effort
qui est tel qu'il excite ces mouvements d'une manière différente
selon l'état de chacun.
3886. Mais il faut qu'on sache que les variations, quant aux pulsations
et aux respirations dans les cieux, sont de plusieurs sortes, et qu'il y
en a autant que de Sociétés, car elles y ont lieu selon les
états de la pensée et de l'affection des anges, et ces états
sont selon les états de la foi et de l'amour ; mais la pulsation
commune et la respiration commune ont heu comme il vient d'être dit.
Un jour, il me fut donné d'observer aussi les pulsations cardiaques
de ceux qui étaient de la province de l'occiput, et en particulier
les pulsations des célestes là, et en particulier les pulsations
des spirituels-là ; celles des célestes étaient tacites
et douces, mais celles des spirituels étaient fortes et vibrantes
; les moments du pouls des célestes y étaient par rapport
à ceux des spirituels comme cinq est à deux ; car le pouls
des célestes influe dans les pouls des spirituels, et ainsi sort
et passe dans la nature. Et, ce qui est merveilleux, c'est que la conversation
des Anges célestes n'est pas entendue par les anges spirituels, mais
elle est perçue sous l'apparence du pouls du cur ; et cela
parce que la conversation des anges célestes n'est pas intelligible
pour les anges spirituels, car elle se fait au moyen des affections qui
appartiennent à l'amour, tandis que celle des spirituels se fait
au moyen des idées intellectuelles, voir n° 1647, 1759, 2157,
3343 ; or ces affections appartiennent à la province du cur,
et ces idées à celle des poumons.
3887. Dans le Ciel ou dans le Très-Grand Homme, il y a deux Royaumes,
l'un appelé céleste, l'autre spirituel ; le Royaume Céleste
est composé d'Anges qui sont appelés célestes, et ce
sont ceux qui ont été dans l'amour envers le Seigneur, et
par suite dans toute sagesse, car ils sont plus que les autres dans le Seigneur,
et par suite plus que les autres dans l'état de paix et d'innocence
; ils apparaissent aux autres comme des enfants, car l'état de paix
et d'innocence présente cette apparence ; tout ce qui est là
vit pour ainsi dire devant eux, car ce qui vient immédiatement du
Seigneur, cela vit ; tel est le Royaume céleste. L'autre Royaume,
appelé spirituel, est composé d'Anges qui sont appelés
spirituels, et là sont ceux qui ont été dans le bien
de la charité à l'égard du prochain ; ils placent le
plaisir de la vie à pouvoir faire du bien aux autres sans rétribution
; pour eux la rétribution, c'est qu'il leur soit Permis de faire
du bien aux autres ; plus ils le veulent et le désirent, plus grande
est leur intelligence et leur félicité, car dans l'autre vie
chacun est gratifié d'intelligence et de félicité par
le Seigneur selon l'usage qu'il fait d'après l'affection de la volonté
; tel est le Royaume spirituel. Ceux qui sont dans le Royaume céleste
du Seigneur appartiennent tous à la Province du Cur, et ceux
qui sont dans le Royaume spirituel appartiennent tous à la province
des Poumons. Il en est de l'influx provenant du Royaume céleste dans
le Royaume spirituel absolument comme de l'influx du Cur dans les
Poumons, et comme de l'influx de toutes les choses qui appartiennent au
Cur dans celles qui appartienlient aux Poumons ; car le Cur
règne dans tout le corps et dans chacune de ses parties par les vaisseaux
sanguins, et le Poumon règne aussi dans chaque partie du corps par
la respiration ; de là résulte que partout dans le Corps,
il y a comme un influx du Cur dans les Poumons, mais selon les formes,
là, et selon les états ; par là existe toute sensation,
comme aussi toute action, qui sont propres au corps ; c'est même ce
qu'on peut voir par les embryons et les enfants nouveau-nés ; ils
ne peuvent avoir aucune sensation corporelle, ni aucune action volontaire,
avant que les poumons leur aient été ouverts, et que par là
l'influx du cur dans les poumons ait été donné.
Il en est de même dans le monde spirituel, mais avec cette différence
que là il y a, non pas des corporels et des naturels, mais des célestes
et des spirituels, qui sont le bien de l'amour et le bien de la foi ; de
là les mouvements cardiaques chez eux sont selon les états
de l'amour, et les mouvements respiratoires selon les états de la
foi, l'influx de l'un dans l'autre fait qu'ils sentent spirituellement et
qu'ils agissent spirituellement. Ces choses ne peuvent Paraître à
l'homme que comme des paradoxes, parce qu'il n'a d'autre u idée sur
le bien de l'amour et sur le vrai de la foi, sinon que ce sont des sortes
d'abstractions sans puissance pour effectuer quelque chose, lorsque cependant
c'est le contraire, à savoir que c'est de là que proviennent
toute perception et sensation, et toute force et action, même Celles
qui sont dans l'homme.
3888.Ces deux Royaumes se manifestent dans l'homme par les deux royaumes
qui sont chez lui, à savoir par le royaume de la volonté et
par le royaume de l'entendement, qui tous deux constituent le mental de
l'homme, ou plutôt l'homme lui-même; c'est à la volonté
que correspond la pulsation du cur, et c'est à l'entendement
que correspond la respiration du poumon ; de là vient encore qu'il
y a aussi dans le Corps de l'homme deux royaumes, à savoir celui
du cur et celui des poumons : celui qui connaît cet arcane peut
connaître aussi ce qui en est de l'influx de la volonté dans
l'entendement, et de l'entendement dans la volonté, conséquemment
ce qui en est de l'influx du bien de l'amour dans le vrai de la foi, et
réciproquement , ainsi ce qui en est de la régénération
de l'homme : mais ceux qui sont seulement dans les idées corporelles,
c'est-à-dire dans la volonté du mal et dans l'entendement
du faux, ne peuvent comprendre ces choses, car ils ne peuvent penser sur
les spirituels et sur les célestes que d'une manière sensuelle
et corporelle par conséquent que d'après l'obscur sur les
choses qui appartiennent à la lumière céleste ou au
vrai de la foi, et que d'après le froid sur celles qui appartiennent
à la flamme céleste ou au bien de l'amour ; l'un et l'autre,
à savoir, cet obscur et ce froid, éteignent tellement les
célestes et les spirituels, qu'ils leur apparaissent comme nuls.
3889.Afin que je connusse non-seulement qu'il y a une correspondance des
célestes qui appartiennent à l'amour avec les mouvements du
cur, et des spirituels qui appartiennent à la foi d'après
l'amour avec les mouvements des poumons, mais aussi ce qui en était,
il me fut donné d'être pendant un long espace de temps parmi
des anges, qui étaient chargés de me le montrer au vif (ad
vivum) : ceux-ci, par une admirable et inexprimable fluxion gyratoire (fluxionem
in gyros) formaient une ressemblance de cur et une ressemblance de
poumons avec toutes les contextures intérieures et extérieures
qui y sont ; et alors ils suivaient le flux du Ciel d'une manière
spontanée, car le Ciel est un effort pour une telle forme d'après
l'influx de l'amour qui procède du Seigneur ; ainsi ils présentaient
chacune des choses qui sont dans le cur, et ensuite l'union entre
le cur et les poumons, union qu'ils représentaient même
par le mariage du bien et du vrai : par là aussi, je vis clairement
que le cur correspond au céleste qui appartient au bien, et
que les poumons correspondent au spirituel qui appartient au vrai ; et que
la conjonction de l'un et de l'autre dans une forme matérielle est
comme celle du cur et des poumons : et il me fut dit qu'il en est
de même dans tout le corps, à savoir dans chacun de ses membres,
de ses organes et de ses viscères, entre les choses qui là
appartiennent au cur et celles qui là appartiennent aux poumons
; car partout où le cur et le poumon n'agissent pas, et où
chacun d'eux n'a pas distinctement ses alternatives, il ne peut y avoir
aucun mouvement de vie par un principe volontaire quelconque, ni aucun sens
de vie par un principe intellectuel quelconque.
3890.Ila déjà été dit quelquefois, que le Ciel
ou Très-Grand Homme a été distingué en sociétés
innombrables, et en général en autant de sociétés
qu'il y a d'organes et de viscères dans le corps, et que chacune
de ces sociétés appartient à l'un de ces organes ou
de ces viscères, n° 3745 ; et aussi que les sociétés,
quoiqu'elles soient innombrables et différentes, font néanmoins
un, de même que toutes les choses dans le corps, quoique différentes,
font un ; les sociétés qui là appartiennent à
la province du cur sont les sociétés célestes,
et elles sont au milieu ou dans les intimes ; mais celles qui appartiennent
à la province des Poumons sont les sociétés spirituelles,
et elles sont alentour et dans les extérieurs ; l'influx qui procède
du Seigneur passe par les sociétés célestes dans les
sociétés spirituelles, ou par le milieu dans ce qui est alentour,
c'est-à-dire par les intimes vers l'extérieur ; cela vient
de ce que le Seigneur influe par l'amour ou la miséricorde, de là
tout le céleste qui est dans son Royaume, et au moyen de l'amour
ou de la miséricorde il influe dans le bien de la foi, de là
tout le spirituel qui est dans son Royaume, et cela avec une variété
ineffable ; toutefois, la variété vient lion de l'influx,
mais de la réception.
3891. Que non seulement tout le Ciel respire comme un seul homme, mais aussi
chacune des sociétés dans son ensemble, et même chaque
ange et chaque esprit, c'est ce qui m'a été prouvé
par un grand nombre de vives expériences, au point qu'il ne m'est
resté aucun doute ; bien plus, les esprits sont étonnés
que quelqu'un en doute: mais comme il y a peu d'hommes qui aient, sur les
Anges et sur les Esprits, une autre idée que celle qu'on a de l'immatériel,
et comme par suite on s'imagine qu'ils doivent être seulement des
pensées, par conséquent à peine des substances, et
qu'ils ne doivent pas, comme les hommes, jouir du sens de la vue, du sens
de l' ouïe du sens du toucher, ni à plus forte raison jouir
de la respiration, et qu'ainsi leur vie n'est pas comme celle de l'homme,
mais qu'elle est intérieure, telle qu'est la vie de l'esprit respectivement
à celle de l'homme, il m'est pour cela même permis de rapporter
encore des expériences : un jour je fus prévenu, au moment
où j'allais dormir, qu'il y avait plusieurs esprits qui conspiraient
contre moi dans l'intention de me tuer par suffocation, mais je ne fis aucune
attention à leurs menaces, parce que j'étais sous la garde
du Seigneur, je m'endormis donc en sécurité ; mais, ayant
été réveillé en sursaut au milieu de la nuit,
je sentis manifestement que je ne respirais pas par moi-même, mais
que c'était d'après le ciel ; la respiration, en effet, n'était
pas la mienne, mais toujours est-il que je respirais. D'ailleurs, dans mille
autres circonstances,il m'a été donné de sentir l'animation
ou respiration des esprits, et aussi celle des Anges, par cela qu'ils respiraient
en moi, et que ma respiration néanmoins existait en même temps
distincte de la leur ; mais cela ne peut être senti que par celui
dont les intérieurs ont été ouverts, et à qui
par là il a été donné communication avec le
ciel.
3892. J'ai été informé par les Très-Anciens,
qui ont été des hommes célestes, et plus que tous les
autres dans l'amour envers le Seigneur, qu'ils avaient une respiration,
non pas externe telle que celle de leurs descendants, mais interne, et qu'ils
respiraient avec les Anges avec qui ils étaient en compagnie ; et
cela parce qu'ils étaient dans l'amour céleste : j'ai aussi
été informé que les états de leur respiration
étaient absolument conformes aux états de leur amour et de
la foi qui en provenait ; voir ce qui en a déjà été
rapporté, nos 608, 805, 1118, 1119, 1120.
3893. Il y avait des Churs angéliques, qui célébraient
ensemble le Seigneur, et cela d'après l'allégresse du cur
; la célébration avait été parfois entendue
comme provenant d'un chant très doux, car les esprits et les Anges
entre eux ont une voix sonore, et ils s'entendent entre eux aussi bien qu'un
homme entend un homme, mais le chant humain ne peut pas, quant à
la suavité et à l'harmonie, qui sont célestes, être
comparé à leur chant ; d'après la variété
du son, je perçus qu'il y avait plusieurs churs : j'étais
instruit par les Anges, qui étaient chez moi, que ceux-là
appartenaient à la province et aux fonctions des poumons, car à
eux est le chant, parce que cet office appartient aux poumons ; il m'était
aussi donné de savoir cela par expérience ; il leur était
permis de gouverner ma respiration, ce qui se faisait si mollement et si
doucement, et tout à la fois si intérieurement, qu'à
peine sentais-je quelque respiration qui fût à moi : j'étais
même instruit que ceux qui ont été commis à la
respiration involontaire étaient distincts de ceux qui l'ont été
à la respiration volontaire ; il me fut dit que ceux qui ont été
commis à la respiration involontaire sont présents quand l'homme
dort ; car dès que l'homme dort, le volontaire de sa respiration
cesse, et il reçoit un involontaire de respiration.
3894. Les respirations des anges et des esprits étant ab conformes
aux états de leur amour et de la foi procédant de leur amour,
ainsi qu'il vient d'être dit, n' 3892, il en résulte qu'une
société ne respire pas de même qu'une autre ; puis aussi,
que les méchants qui sont dans l'amour de soi et du monde, et par
suite dans le faux, ne peuvent pas se trouver dans la compagnie des bons
; mais que, quand ils en approchent, il leur semble qu'ils ne peuvent respirer
et qu'ils sont comme suffoqués, et que par suite ils tombent comme
demi-morts et comme des pierres jusque dans l'enfer, où de nouveau
ils reçoivent leur respiration, qu'ils ont commune avec ceux qui
y sont ; d'après cela, on peut voir que ceux qui sont dans le mal
et dans le faux ne peuvent être dans le Très-Grand Homme ou
dans le Ciel ; car lorsque leur respiration, à l'approche du ciel,
commence à cesser, toute leur aperception et leur pensée,
et aussi tout leur effort pour faire le mal et persuader le faux, commencent
aussi à cesser, et avec l'effort périt chez eux toute action,
et tout mouvement vital, aussi ne peuvent-ils que s'élancer précipitamment
loin de là.
3894 (bis). Puisqu'il en est ainsi, et que les bons, quand ils viennent
dans l'autre vie, sont d'abord remis dans la vie qu'ils ont eue dans le
monde, no 2119, par conséquent aussi dans les amours et dans les
agréments de cette vie, ils ne peuvent donc pas encore, avant d'avoir
été préparés, être admis dans la compagnie
des Anges, même quant à la respiration ; c'est pourquoi, quand
ils sont préparés, ils sont d'abord inaugurés dans
la vie angélique par des respirations concordantes, et en même
temps alors ils viennent dans des perceptions intérieures et dans
le libre céleste : cela se fait en société de plusieurs
ou dans des churs, dans lesquels l'un respire de même que l'autre,
puis aussi perçoit pareillement, et agit pareillement d'après
le libre ; la manière dont cela se fait m'a aussi été
montrée au vif (ad vivum).
3895. Le persuasif du mal et du faux, et même le persuasif du vrai,
quand l'homme est dans la vie du mal, est tel dans l'autre vie qu'il suffoque
les autres pour ainsi dire, et même les esprits probes avant qu'ils
aient été inaugurés dans la respiration angélique
; c'est pourquoi ceux qui sont dans le persuasif sont éloignés
par le Seigneur, et sont détenus dans l'enfer, où l'un ne
peut nuire à l'autre, car là le persuasif de l'un est presque
semblable à celui de l'autre, et par suite les respirations sont
concordantes. Quelques esprits , qui étaient dans un tel persuasif,
vinrent à moi, dans l'intention de me suffoquer, et même ils
avaient introduit en moi une sorte de suffocation, mais je fus délivré
par le Seigneur ; alors il fut envoyé par le Seigneur un petit enfant,
par la présence duquel ils furent tellement tourmentés qu'ils
pouvaient à peine respirer ; ils furent tenus dans cet état
jusqu'à ce qu'ils fissent des supplications, et ils furent ainsi
précipités dans l'enfer. Le persuasif du vrai, quand l'homme
est dans la vie du mal, est tel qu'il se persuade que le vrai est le vrai
, non pas pour une fin du bien, mais pour une fin du mal, à savoir
pour acquérir par le vrai des honneurs, de la réputation et
des richesses ; les plus méchants de tous peuvent être dans
un tel persuasif, même dans un zèle apparent, au point qu'ils
condamnent à l'enfer tous ceux qui ne sont pas dans le vrai, quoique
dans le bien ; voir sur ce pesrsuasif les n° 2689, 3865 ; de tels hommes,
dans le commencement, quand ils viennent dans l'autre vie, se croient des
Anges, mais ils ne peuvent approcher d'aucune société Angélique,
ils y sont comme suffoqués par leur propre persuasif ; c'est d'eux
que le Seigneur a dit dans Matthieu: ´plusieurs Me diront en ce jour-là,
Seigneur ! Seigneur ! Par ton Nom n'avons-nous pas prophétisé
? Et par ton Nom les démons n'avons-nous pas chassé ? Et en
ton Nom beaucoup d'actes de puissance n'avons-nous pas fait ? Mais alors
je leur dirai : je ne vous connais point ; retirez-vous de Moi, ouvriers
d'iniquité. - VII. 22, 23.