Du bien et, du mal.
Emmanuel Swedenborg
Du bien et,
du mal.
Puisque le Bien fait le ciel chez l'homme, et que le Mal fait l'enfer, il
faut absolument qu'on sache ce que c'est que le bien et ce que c'est que
le mal ; précédemment il a été dit que le bien
est ce -qui appartient à l'amour envers le Seigneur et à la
charité à l'égard du prochain, et que le mal est ce
qui appartient à l'amour de, soi et à l'amour du monde ; il
suit de là que ce n'est que d'après les amours que l'on sait
ce que c'est que le bien et ce que c'est que le mal.
Toutes les choses qui, dans l'univers, sont conformes à l'ordre Divin
se réfèrent au Bien et au Vrai ; et toutes les choses qui,
dans l'univers, sont contraires à l'ordre Divin se réfèrent
an mal et au faux: cela vient de ce que le Bien et le Vrai, qui procèdent
du Divin, constituent l'ordre, au point qu'ils sont l'ordre.
Le Bien qui appartient à l'Amour envers le Seigneur est appelé
Bien céleste, et le Bien qui appartient à la charité
à l'égard du prochain est appelé Bien spirituel : quelle
est la différence entre le Bien céleste qui appartient à
l'Amour envers le Seigneur et le Bien spirituel qui appartient à
la Charité à l'égard du prochain, et combien est grande
cette différence, c'est ce qui sera dit dans la suite.
La doctrine du Bien céleste, qui appartient à J'amour envers
le Seigneur, est la plus vaste, et en même temps la plus inconnue;
la Doctrine du Bien spirituel, qui appartient à la charité
à l'égard du prochain, est vaste aussi et inconnue aussi,
mais moins que la Doctrine du Bien céleste, qui appartient à
l'amour envers le Seigneur. Que la Doctrine de la Charité soit vaste,
c'est ce qu'on peut voir en ce que la charité chez l'un n'est pas
la même que chez l'autre, et en ce que l'un n'est pas le prochain
de la même manière que l'autre.
Comme la Doctrine de la Charité était si vaste, les Anciens,
citez qui la doctrine de la Charité était la Doctrine même
de l'église, distinguaient la Charité à l'égard
du prochain en plusieurs Classes, qu'ils subdivisaient encore ; ils donnaient
un nom à chaque Classe, et ils enseignaient comment la charité
devait être exercée à l'égard de ceux qui étaient
dans une classe, et comment elle, devait l'être à l'égard
de ceux qui étaient dans une autre et de cette manière ils
rédigeaient en ordre la Doctrine de la Charité et les exercices
de la charité, afin de les mettre distinctement à la portée
de l'entendement.
Les Noms qu'ils donnaient à ceux envers lesquels ils devaient exercer
la charité étaient en grand nombre; ils en appelaient quelques-uns
aveugles, d'autres boiteux,, d'autres manchots, d'autres pauvres, puis misérables
et affligés, d'autres orphelins, d'autres veuves : mais en général
ils les nommaient des Affamés auxquels ils devaient donner à
manger, des Altérés auxquels ils devaient donner à
boire, des Voyageurs qu'ils devaient recueillir, des Nus qu'ils devaient
vêtir, des Malades qu'ils devaient visiter, et des Prisonniers qu'ils
devaient aller voir sur ce sujet, voir A. C. Ni 4954 à 4959
Ces noms avaient été donnés du Ciel aux Anciens qui
étaient de l'église, et par ceux qui étaient ainsi
nommés ils entendaient ceux qui étaient tels spirituellement
; leur Doctrine de la charité enseignait qui ils étaient,
et quelle étai! la Charité à l'égard de chacun.
De là vient que ces mêmes Noms sont dans la Parole, et signifient
ceux qui sont tels dans le sens spirituel. La Parole en elle-même
n'est que la Doctrine de l'amour envers le Seigneur et de la charité
à l'égard du prochain, comme aussi le Seigneur l'enseigne
´ Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cur, de toute
ton âme et de toute La pensée, c'est là le premier et
le grand commandement, le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain
comme toi-même ; de ces deux commandements dépendent là
Loi et les Prophètes. - Math. XXII. 35, 36, 37, 38. La Loi et les
Prophètes, c'est toute la Parole.
Si ces mêmes Noms sont dans la Parole, c'est parce que ceux qui étaient
dans le culte externe devaient exercer la charité à l'égard
des hommes qui étaient ainsi nommés ; et ceux qui étaient
dans le culte interne, à l'égard des hommes désignés
spirituellement par ces noms ; ainsi C'était pour que les simples
entendissent et pratiquassent la Parole avec simplicité, et les sages
avec sagesse ; puis aussi, afin que les simples par les externes de la charité
fussent initiés dans les internes de la charité.