La prière du coeur selon Saint-Martin
une nouvelle
étude de J-M Vivenza
Jean-Marc Vivenza est professeur de Philosophie et grand lecteur de Louis-Claude
de Saint-Martin, théosophe chrétien du XVIIIè siècle
qui signa certains de ses ouvrages sous le pseudonymes "Philosophe
inconnu".
Vivenza a déjà publié une étude, en passe de
devenir un classique, intitulée "Le Martinisme" (Mercure
Dauphinois, mars2006) abordant les 3 composantes de ce mouvement issu de
Martines de Pasqually et de ses deux disciples : Louis-Claude de Saint-Martin
et Jean-Baptiste Willermoz. Vivenza avait publié précédemment
une biographie de "Saint-Martin" (Pardes, novembre 2003).
Dans sa dernière publication intitulée "La Prière
du coeur selon Louis-Claude de Saint-Martin dit Le philosophe Inconnu"
(Arma Artis, avril 2007), notre auteur nous propose une brève étude
sur la prière telle que la conçoit Louis-Claude de Saint-Martin.
Allant au-delà du légendaire martiniste, comme à son
habitude, Vivenza fonde ses recherches sur les textes mêmes du Philosophe
inconnu en laissant de côté tous les amalgames issus des milieux
martinistes classiques qui oublient bien souvent le centre même du
martinisme, c'est-à-dire l'oeuvre de Saint-Martin.
Vivenza aborde dans un premier chapitre la prière telle qu'elle est
comprise par les Pères latins, grecs et même syriaques c'est-à-dire
comme "un entretien divin" ! Notre auteur laisse ensuite la place
à Saint-Martin qui présente la prière comme "principale
religion de l'homme" (L-C de Saint-Martin, La prière, Diffusion
rosicrucienne, 2001, p. 51) car elle relie la créature à son
Créateur et sert ainsi de base à toute l'Alliance. Le troisième
chapitre aborde la question lourde de conséquence de la façon
dont on doit s'adresser à Dieu : l'homme "n'obtiendra pas le
but de ses oeuvres s'il ne commence par répéter en lui l'immolation
de l'Agneau" (La prière, pp. 54-55). Une fois la purification
commencée, que faut-il demander par la prière ? Vivenza nous
montre par diverses citations que selon Saint-Martin la seule demande qui
vaille est celle faite à Dieu pour qu'Il vienne lui-même s'établir
en l'homme (le Philosophe inconnu parle de "cette industrieuse foi
de le demander lui-même en son nom" [ prière, p. 57]).
Pour cela Vivenza souligne que Saint-Martin nous invite à devenir
un "véritable rien" pour que Dieu prie en nous (La prière,
pp. 57-58). Une instructive note de Vivenza (pp. 24-25) souligne l'omniprésence
de cette surprenante notion de "véritable rien" dans la
tradition mystique occidentale). A ce "véritable rien"
correspond un "véritable abandon" (La prière, p.
58) que Vivenza rapproche de la notion d' "anéantissement"
qui lui est chère à la suite de nombreux mystiques occidentaux.
Notre auteur définit d'ailleurs ce fait de "s'abandonner (qui)
est donc se rendre accessible, ouvert et disponible à celui qui aspire
à installer sa résidence en nous (et notre coeur deviendra
ainsi) le Sanctuaire des essentielles liturgies dirigées vers celui
qui est le Saint (...)." (p. 30). Le chapitre sixième permet
à Vivenza de conclure en indiquant l' "originalité de
l'oraison intérieure saint-martinienne" (pour reprendre le titre
du dit chapitre, p. 32) : il souligne en effet, la "radicale modification
du point de vue" (p. 32) puisque c'est "Dieu lui-même qui
est l'agent direct de la prière" (p. 33).Et pour conclure Vivenza
rappelle que ce travail a des effets personnels mais également "
qu'elle embrasse toutes les parties de l'univers" (p. 39).
Beaucoup de nos contemporains ne connaissent Saint-Martin que d'une manière
superficielle. Cela est souvent dû au style de Saint-Martin qui peut
être un facteur bloquant. Cela est parfois dû à un hermétisme
complet face au mystère divin. Cette étude de Jean-Marc Vivenza
permettra à ceux qui le souhaite d'aborder Saint-Martin "par
le coeur" : le coeur de l'oeuvre saint-martinienne, mais aussi le coeur
de l'homme qui prie son Dieu en suivant les indications de Saint-Martin.