l'Esotérisme du maître écossais de St-André

Serge Caillet


Avec cette nouvelle édition, revue, corrigée et très augmentée de son livre sur Le grade de Maître écossais de Saint-André au rite écossais rectifié. Sa nature et son ésotérisme (Dervy, 2008) Roland Bermann nous propose de parcourir les principaux symboles du quatrième grade de ce régime maçonnique si particulier. Ce grade, qui, on le sait, vient compléter la maîtrise par la révélation du véritable Hiram, méritait en effet la longue étude que lui consacre l'auteur, qui marche ainsi dans les pas de Jean Saunier dont il faut rappeler la magistrale "Introduction à l'étude du grade de Maître écossais de Saint-André " (in Les chevaliers aux portes du temple, Paris, Ivoire-Clair, 2005). Chacun des principaux symboles du grade, notamment les tableaux, sont ici analysés avec pertinence, et Roland Bermann sait poser les bonnes questions auxquelles il apporte lui-même de vraies réponses.

Féru de kabbale, c'est aussi à la lumière de cette haute science que Roland Bermann entend éclairer la symbolique du grade. Les géniteurs du régime écossais rectifié, Jean-Baptiste Willermoz en tête, n'avaient sans doute pas, je le crains, la connaissance de la littérature kabbalistique que semble généreusement leur prêter l'auteur. Qu'importe ! Sur le plan initiatique, son interprétation "kabbalistique" de maints symboles du grade est pertinente et riche d'enseignements.

Roland Bermann sait bien aussi que les grades symboliques de RER, maître écossais de saint-André compris, ne se peuvent comprendre pleinement qu'à la lumière de la doctrine de la réintégration de Martines de Pasqually (1710 ?-1774) et de ses émules au sein de l'Ordre des chevaliers maçons élus coëns de l'Univers. Il s'y avance prudemment et avec bonheur. Mais on pourrait aller beaucoup plus loin encore !

Un exemple, entre bien d'autres. Le bijou du grade, longuement et savamment analysé dans l'ouvrage, comprend notamment un double triangle au centre duquel est placée la lettre H. Or, dans un long discours d'instruction coën, de la main de Willermoz, celui-ci établit comment l'un des triangles se rapporte à la terre (dont on sait qu'elle est chez Martines triangulaire) et l'autre au corps de l'homme. Mais, selon le même discours, ce double triangle figure aussi les six pensées de l'Eternel, vulgairement appelées six jours de la création, à partir desquelles on peut découper le cercle en dix portions égales au rayon, avant de poser les lignes d'une croix (c'est le fameux dessin de Saint-Martin dont Papus s'est inspiré pour le pantacle de l'Ordre martiniste). Ce même double triangle rappelle bien entendu l'esprit doublement fort et la double nature du Christ. Ce pourquoi, placé au centre de la figure, le H, huitième lettre de l'alphabet latin, se rapporte d'évidence à Hély, le grand élu récurrent, dont Hiram fait le type, et qui est, selon Martines, le Christ, de nature octénaire.

Meliora praesumo ! Souhaitons que ce chantier ouvert par Jean Saunier et aujourd'hui poursuivi avec beaucoup de science par Roland Bermann s'enrichisse encore à l'avenir. En attendant, ce livre sera non seulement utile aux maçons écossais rectifiés, souvent désorientés, mais je le crois même désormais indispensable à quiconque veut comprendre le sens du magnifique quatrième grade du RER, voire de ses quatre grades symboliques, absolument indissociables.

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