Saint-Martin et Willermoz


Louis-Claude de Saint-Martin est connu pour avoir délaissé, à la fin de sa vie, les formes initiatiques pour une relation directe avec son Créateur par le biais de la prière, ce dialogue du coeur au coeur avec le Divin.

Mais en amont de cela, Saint-Martin a eu l'occasion, lors du fameux épisode de l' "Agent inconnu", d'écrire cette incroyable lettre à Jean-Baptiste Willermoz, le fondateur du Régime Ecossais Rectifié tel que nous le connaissons aujourd'hui :

"Intercédez pour moi, je vous regarde comme libérateur, je m'unirai à vous mais c'est vous qui pouvez obtenir d'en haut-haut l'abolition de mon péché. Les torts que j'ai eus de me laisser connaître ne me paraissent pas comparables à ceux d'avoir écrit. Ces derniers offensaient la Chose même en me mettant à sa place dans son ordre (...). Voilà, mon maître, mon saint ami, mon père en Dieu et en J.-C., l'état fidèle et malheureux de celui qui aurait pu ne passer sur terre que des jours de sagesse et de vérité et qui a laissé accumuler sur lui un tas énorme d'immondices qui le resserrent et l'ensevelissent dans les ténèbres de la privation. Dieu cependant ne veut pas que je me croie mort, il permet que je pleure, abondamment dans ce moment mon état et sur mes fautes. Offrez-lui mes pleurs, il les recevra de votre main, la mienne est encore trop indigne (...). Soyez mon ange médiateur, je m'arrête, les pleurs et les sanglots me suffoquent. (...) Priez pour moi, tracez-moi ma route, prononcez ma sentence, je subirai mon jugement sans murmure ..."

Cette lettre est publié dans la biographie de "Saint-Martin" écrite par J-M Vivenza et édité par Pardes en 2003 (p. 50). Le contexte est le suivant :
Les lyonnais recevaient, via l' "Agent inconnu", des révélations surnaturelles. C'était pour eux le sommet de l'Initiation et Saint-Martin souhaitait en être. Mais son entrée dans ce cercle fermé nécessitait l'accord de l'Agent qui n'y était pas favorable en raison de l'arrogance supposée du Philosophe Inconnu qui avait osé écrire et publié ce que la Chose elle-même s'était gardée de rendre public et en plus il le fît sous sa propre signature, summum de l'amour-propre selon l'Agent.

L'Agent en question a fait (et fera encore) couler beaucoup d'encre, mais je pense qu'il est utile de faire connaître cet extrait d'une lettre de Saint-Martin à Willermoz ne serait-ce que pour que l'on soit conscient de l'estime (le mot est faible) qu'avait pour Willermoz son entourage proche. Dans le même registre, les lettres de Saltzmann en cours de publication dans Renaissance Traditionnelle sont très intéressantes aussi.

 

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