L'air dans le rituel de réception au 1er Grade du R.E.R.


Lors de son initiation le profane est confronté avec trois éléments matériels : le feu présenté au Midi, l'eau présentée au Nord et la terre présentée à l'Occident, ce sont les trois régions élémentaires. Purification et apparences. Des quatre éléments "habituels" des initiations nous n'en trouvons que trois. L'air est absent. Cette absence est une des spécificité les moins connues du RER, mais pourtant si importante. Pourquoi donc trois éléments ?
L'air serait-il en rapport avec Dieu ? Le nom YHVH hvhy signifierait peut-être le souffle, en hébreu, le souffle. La racine sémitique hwy peut signifier "tomber", "souffler" en parlant du vent, "être passionné", "parler", "exister, être", et au mode factitif, "crier". La plupart de ces acceptations se laissent ramener à la notion d'émettre un son ou un souffle. Dans la Bible on voit YHVH se manifester dans l'ouragan (Ex, 19) ou dans "le bruit d'une brise légère" (1R 19,12). L'air, est-il ce souffle de l'esprit du cvr ROUaCh qui correspond à YATsR, la structure, la production, la formation dans l'arbre des séphiroth.

On retrouve aussi trois éléments, avec la mention de l'air, dans le catéchisme des Philosophes Elus Coëns de l'Univers, au grade d'Apprenti Coën :
D. Pourquoi n'admettez-vous que trois éléments ?

R. Parce que l'air n'en est point un réellement, et qu'il émane totalement des autres, sans lesquels il n'existerait pas plus que le corps sans son âme.

D. Quelle est donc l'utilité de l'air ?

R. L'air, pris comme élément, est plus matériel que les autres, et c'est sur lui que les astres et les planètes impriment la force de leur action pour la communiquer aux corps solides.

Cette spécificité des trois éléments est reprise et expliquée beaucoup plus en détails dans le catéchisme des Commandeurs d'Orient, Apprentis Réau-Croix :
D. Sur quoi travaillent les Commandeurs Apprentis R+ ?

R. Sur le feu, sur l'eau, sur la terre et sur les éléments.
D : Qu'apprenez-vous à connaître par le feu ?

R. La forme glorieuse de l'enveloppe de l'esprit.

D. Qu'apprenez-vous à connaître par l'eau ?

R. La modération et la température de son action

D. Qu'apprenez-vous à connaître de la terre ?

R. Le produit de son opération.

D. Qu'apprenez-vous à connaître par les éléments ?

R. Les différentes révolutions innées dans la loi de la nature créée.

D. Quel est le nombre mixte des éléments ?

R. Il est ternaire.

D. Distinguez-moi, Respectable Maître, ce nombre ternaire.

R. Le feu par son nombre septénaire, l'eau par son nombre quaternaire, et la terre par son nombre ternaire.

D. Il n'y aurait donc que trois éléments selon la division du nombre mixte élémentaire que vous me donnez ?

R. Oui, très Puissant Maître, il ne peut y en avoir que trois, qui font vraiment allusion à la pensée, l'action et l'opération de la création, car si la création universelle était soutenue par quatre éléments, elle ne pourrait être que purement spirituelle divine, et non de substance matérielle sujette à révolution ; ce qui est encore prouvé par la quatriple essence divine dans laquelle il n'est contenu aucune espèce d'essence matériel.

D. Pourquoi enseigne-t-on à connaître quatre éléments qui sont le feu, l'eau, la terre et l'air ?

R. Cette démonstration, très Puissant Maître, est purement sortie du comput imaginaire des hommes, qui n'ont point observé celui qui est contenu dans la loi parfaite de création.

D. Pourriez-vous, très Respectable Maître, me prouvez que l'air n'est point un élément parfait ?

R. Oui, très Puissant Maître, ainsi qu'il nous est enseigné qu'il n'y a qu'un seul élément supérieur temporel, qui est le feu, dans lequel les trois essences spiritueuses de création universelle étaient renfermées pour coopérer à la formation des trois corps qui composent l'univers, qui sont le céleste, 1, le terrestre, 2, et le particulier, 3. Ce premier élément supérieur renfermait encore l'eau et la terre qui étaient dans leur premier principe d'indifférence, sans forme ni action. Par cette même raison, l'air ne pouvait être contenu dans un lieu d'inaction. Ce qui prouve la vérité de ce que j'avance à cet égard, c'est que l'air n'est autre chose que l'effet de l'action des esprits inférieurs et majeurs qui actionnent et réactionnent les différents êtres corporels. C'est de leur plus ou moins de force d'action et de réaction que les différents corps se ressentent de cette opération. L'air n'est donc point un corps visible; c'est à tort qu'on l'a compris dans les corps élémentaires plutôt qu'alimentaires, puisqu'il est l'aliment de ces mêmes éléments, étant l'opération des esprits ternaires agents des formes.

D. Par qui vous est-il représenté que l'air n'est point un élément ?

R. Par l'opération que Moïse fit sur le feu spirituel que l'Ecriture Sainte explique allégoriquement buisson ardent, ce qui avait été opéré par Enoch; par l'opération de Zorobabel fit sur l'eau du fleuve d'Assyrie, ce qui avait été opéré par Noé; et par l'opération que le Christ a faite sur la terre pour la réconciliation des hommes, ce qui avait été prédit par l'opération que Melchisédec avait faite en faveur d'Abraham, lorsqu'il le bénit. Voilà, très Puissant Maître, un garant parfait de ce que j'avance sur l'unique existence des trois éléments, puisqu'aucun sage spirituel n'a opéré sur la partie aérienne.


Saint-Martin écrit à Kirchberger : " Je lis journellement dans l'ami Boëhme qu'il y a quatre éléments, et cependant je suis géométriquement, numériquement et métaphysiquement assuré qu'il n'y en a que trois. " Pour Saint-Martin l'air n'est pas un élément, mais ce qui permet l'action des trois autres.


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