Le désir
de liberté est appelé Dieu, et le désir de la Nature
est appelé la colère de Dieu. C'est le monde obscur, le premier
Principe, et le monde lumineux est le second Principe. Ils ne sont pas séparés
l'un de l'autre ; ils vivent ensemble, ils sont la cause et la cure l'un
de l'autre, et celui des deux qui se meut se manifeste au-dehors par son
caractère.
Cette seconde part de la Matière, qui veut être délivrée
de la Colère, s'abaisse au-dessous d'elle-même : c'est une
eau que la colère tient prisonnière. La colère produit
les minéraux ; et la liberté, c'est l'eau générée
avec le feu, par la mort, dans la douceur de la lumière.
Si tu es mage, il faut que tu saches changer la nuit en jour, car la nuit,
source des ténèbres, est le bouillonnement de l'angoisse de
la mort ; et la source du jour lumineux, c'est la splendeur de la vie. Christ
a rallumé cette splendeur dans l'humanité, en revivifiant
l'homme. Or, si tu veux teindre, il faut que tu changes de nouveau la constriction
de la mort nocturne en jour. Néanmoins, le jour et la nuit sont ensemble
comme une seule essence.
Le paradis est encore en ce monde, mais l'homme en est éloigné
jusqu'à ce que la régénération soit accomplie.
Alors il peut y entrer selon le mode de la réintégration,
mais non selon celui de l'Adam élémentaire.
Le moi ne cherche que ce qui peut lui servir ; l'abandon ne désire
que la Mère éternelle. Le premier lui dit : "Tu es fou
de t'abandonner à la mort, tu vivrais magnifiquement en moi".
Et le second lui répond : "Tu es mon dégoût et
mon tourment, tu ne peux que me conduire hors de l'éternité,
dans la misère, pour donner mon corps à la terre et mon âme
à l'enfer".
Le véritable abandon est la mort du dégoût de Dieu ;
celui qui quitte son moi et qui se rend, de tout son coeur, de tous ses
sens et de toute sa volonté à la miséricorde divine,
dans la mort de Jésus-Christ, est mort à la terre ; c'est
un homme double ; le dégoût se suicide en lui et la volonté
abandonnée vit et ressuscite avec le Christ ; et, bien que le désir
propre pèche puisqu'il ne peut pas faire autre chose, la volonté
abandonnée vit, non pas dans le péché, mais dans la
terre des vivants par le Christ, tandis que le moi vit dans le pays des
morts.