LE MARTINISME DANS LA TRADITION
"Accusés d'être des diables par les uns, des cléricaux par les autres et des magiciens noirs ou des aliénés par la galerie, nous resterons simplement des Chevaliers fervents du Christ, des ennemis de la violence et de la vengeance, des synarchistes résolus opposés à toute anarchie d'en haut ou d'en bas, en un mot des Martinistes". Papus.
Pour les ésotéristes, il existe une Tradition dite Tradition Primordiale legs de connaissances scientifiques, philosophiques et mystiques, gnose secrète qui traite des lois cachées de la nature et de la vraie position de l'homme dans l'univers. Cette connaissance s'accompagne chez ceux qui la détiennent d'un certain pouvoir. Elle fut l'apanage des civilisations antérieures à celles que nous connaissons, elle s'est néanmoins transmise à notre actuelle humanité par le canal des écoles de Mystères et de l'Initiation. Cette lumière initiatique, l'Egypte antique l'aurait possédée. C'est pourquoi les écoles initiatiques d'Occident font remonter leurs origines à cette civilisation. C'est le cas, notamment, de la Rose-Croix et de la Franc-maçonnerie. En vérité, la Rose-Croix est directement issue des "Ecoles de vie" d'Egypte ; la Franc-maçonnerie a ses origines dans l'Ecole Salomonique. Au cours de l'histoire, les Rose-Croix ont souvent eu pour rôle de vivifier et régénérer spirituellement la Franc-maçonnerie, ce qui est notifié par le 18ème degré du Rite Ecossais.
Dans les "Ecoles de Vie" fondées sous Thoutmosis III et Aménophis IV - dit "Akhenaton" -, les élèves étaient sévèrement sélectionnés, réunis autour du Pharaon, ils étudiaient le savoir de leurs Initiateurs Atlantes sous forme adaptée pour eux. C'est donc en 1350 avant J.C. que prend naissance ce qui sera nommé plus tard la Grande Fraternité Blanche à laquelle se rattache la secte des Thérapeutes, en Grèce, et des Esséniens en Palestine (au sein de laquelle s'incarne le Maître Jésus). La Tradition se répand ensuite à partir de l'Egypte pour le monde occidental par le Moyen Orient et la civilisation arabe très en avance sur la nôtre, dans l'antiquité.
Le Bolomilisme, qui devait donner jour au Catharisme, ainsi que l'ésotérisme Templier recueilli en Terre Sainte avaient cet original héritage. Tout mouvement religieux a son origine dans la tradition et conserve, en son sein, l'enseignement ésotérique qu'il réserve à ceux qui sont plus avancés alors que l'enseignement exotérique est livré aux masses. Mais l'histoire montre qu'il vient un moment ou l'ésotérique se perd, est étouffé ou même persécuté par l'exotérique. Le Soufisme véhicule l'ésotérisme islamique. La religion juive imposée par Moïse offre de grandes similitudes avec l'enseignement mystique d'Akhenaton, certains psaumes sont une copie conforme de ceux écrits par le Grand Maître. La Kabbale et l'Alchimie furent des expressions de cet ésotérisme, de même que les textes ultérieurs à la Bible comme le Zohar et le Zepher Yetzirah (1). Le Christianisme est une émanation directe de la Grande Fraternité Blanche, puisque Jésus a été préparé à une mission par les Esséniens (2). Si l'Eglise exotérique s'est sensiblement éloignée des enseignements originaux, l'histoire de la chrétienté a toujours été traversée par les courants de l'Eglise Intérieure Johanique, ésotérique et mystique, dont les Cathares, les Albigeois, les Templiers, les Gnostiques Alchimistes, Rose-Croix et Francs-Maçons furent le vecteur très souvent persécutés.
Le Martinisme s'inscrit aussi dans la lignée de l'illuminisme Chrétien. Il est, en fait, étroitement lié à la Rose-Croix représentant le développement chrétien de la Rose-Croix. Le fondateur du Martinisme, Martinez de Pasqually, est sans doute enregistré comme "Maître" dans les archives traditionnelles de cet ordre, on trouve son nom sur une liste des Rose-Croix illustres, tirée de l'ouvrage de R.M. Lewis "Histoire complète de la Rose-Croix" (3). Ce personnage est très énigmatique et l'on possède fort peu d'indices biographiques sur son compte (4). L'ésotérisme Templier était venu sous le couvert des croisades en Terre Sainte se ressourcer au coeur de l'Islam. Christian Rosenkreutz n'a pas fondé l'Ordre en Allemagne, à Cassel, en 1610, comme on le dit par erreur très souvent. Il fut l'initié chargé d'en opérer la résurgence dans ce pays, car le cycle de 108 ans de sommeil était à son terme. L'Ordre existait dans ce pays depuis Charlemagne, mais Christian Rosenkreutz vint au Moyen-Orient pour ressourcer sa connaissance et parfaire son initiation.
C'est en Terre Sainte que le Seigneur Arnaud est missionné part le Comte de Toulouse pour contacter les Rose-Croix. A son retour, Arnaud fonde la première loge rosicrucienne d'Europe aux abords de Toulouse (5). Toulouse fut donc longtemps le Siège des Maîtres Rose-Croix. Cette tradition de la Rose-Croix Française, gardée vivante par le médecin alchimiste, le vicomte de Lapasse à la fin du XIIème siècle, fut à l'origine de l'Ordre kabbalistique de la Rose-Croix fondée en 1888 à Paris par Stanislas de Gaïta. Au conseil Suprême, siégeaient Josephin Peladan et le Docteur Gérard Encausse, alias Papus. Le "Sar" Merodack devait créer, par la suite, son ordre : "L'Ordre du Temple et de la Rose-Croix Catholique" en 1890. L'auteur du "Vice Suprême" devait trouver son disciple en Emile Dantinne qui devint l'Imperator de cet Ordre en 1918, puis un Imperator de la FUDOSI (Fédération Universelle des Ordres et Sociétés Initiatiques) créée en 1908 par Papus et que Dantinne réveilla en 1934. Cette même année, Sar Hiéronymus ou Emile Dantinne est initié au Martinisme. Il semble que Peladan, le Sar Merodack, ait été détenteur de l'authentique tradition toulousaine qui, nous l'avons vu, a pris ses sources en Orient, par l'intermédiaire de son frère Adrien : "par mon frère, le Docteur Peladan qui était avec Simon Srugal, comme les Aroux, les d'Orient, le Vicomte de Laplasse, je procède de Rosenkreutz" (6).
C'est à Toulouse qu'apparait Martinez de Pasqually entre 1750 et 1760, et c'est là qu'il tente d'abord de créer son Ordre, avant de le faire effectivement à Bordeaux. Son disciple, Saint-Martin, entretient des liens étroits avec des initiés toulousains : les "Dubourg". C'est surtout sur Toulouse, premier dépôt de la Tradition Rosicrucienne pour l'Occident qu'est dirigé H.S. Lewis pour opérer la résurgence américaine, puis mondiale en 1909 (7). C'est aussi du Moyen-Orient et d'Espagne que Martinez de Pasqually aurait ramené en France son système doctrinaire et initiatique dans le parrainage par conséquent de la tradition islamique et judéo-chrétienne. Il est d'ailleurs plus hébraïque que chrétien, contrairement à son disciple L.C. de Saint-Martin. Il semble bien avoir été missionné pour présenter une certaine forme de l'initiation et de l'enseignement Rose-Croix dans le cadre de l'Ordre Para Maçonnique qu'il fonda en 1762 à Bordeaux, l'Ordre des "Elus Cohens" de l'Univers. Le degré supérieur de cet Ordre se nommait Réau-Croix, allusion à l'état de Rose-Croix, de Réalisé. Cette haute initiation Cohen était réservée par Martinez à très peu de disciples et sera revendiquée par ceux qui, plus tard, poseront les fondations de l'Ordre Martiniste. L'Ordre des Elus Cohens disparaissait avec son auteur, en 1774. Martinez de Pasqually aurait été de plus un initié direct de Swedenborg et avait une grande connaissance de la Sagesse Secrète, des enseignements ésotériques de Grèce, d'Egypte et d'Orient. (Lire la suite)
(1) Zepher Yetzira : ce texte longtemps gardé secret a été publié tardivement, c'est un symbole du dévoilement de la connaissance ésotérique à travers les cycles d'âges.
(2) Lire "La vie mystique de Jésus" de H.S. Lewis
(3) Editions Rosicruciennes
(4) Lire "Martinez de Pasqually" de Papus
(5) Lire "Toulouse Capitale Mystique"
(6) Lire "Comment on devient mage" de Joséphin Péladan
(7) Lire "Mission cosmique accomplie" de R. M. Lewis