L’ILLUMINISME



Ce texte a pour but de faire apprécier le mouvement connu sous le vocable d'illuminisme non en le comparant aux encyclopédistes puisque le terme de siècle des lumières y fait allusion, mais plutôt en le faisant apparaître comme un mouvement original indépendant de tout système déjà organisé au 18e siècle, même de la Franche Maçonnerie malgré les apparences.

Il ne peut être abordé , sur cette page , les différentes connexions et similitudes qui lient d'apparence l'illuminisme aux hauts grades de la Franc- Maçonnerie.

De plus, tout comme la Franc-Maçonnerie, le mouvement illuministe actuel a évolué et de ce fait, a intégré les paramètres de l'occultisme développé au 19e siècle et début 20e (Papus, Saint-Yves d’Alveydre , Sedir , Maître Philippe de Lyon , Eliphas Levi , Stanislas de Guaïta voire H.P Blavatsky et autres). L'illuminisme de nos jours ressemble donc fort peu à celui du 18eme siècle.

Le mouvement illuministe s'extériorisa et de façon plutôt structurée dans la seconde moitié du 18e siècle, bien qu'il fut de tout temps. La 1ere moitié étant le ferment de la deuxième, par le piétisme allemand et le quiétisme français.

Quelques précurseurs, annonciateurs du mouvement hermétiste quelques siècles plus tôt :

1. au 13eme siècle Roger Bacon et Lulle,

2. au 14 ème Nicolas Flamel,

3. au 15eme Cornellius Agrippa, Paracelse, 4. au 16eme Francis Bacon, Robert Fludd, Valentin Andréa, 5.

Enfin Comenius, Jakob Boehm le Silésien, Hans Jorg Gichtel le hollandais (l’éditeur de J.Boehm), Heinrich Kunrath l’allemand. Ces « quatre là » vont déterminer ce qu’Auguste Viatte appelle « les Sources Occultes du Romantisme », tout comme ceux du 18eme influenceront les Balzac, De Nerval, Victor Hugo, Georges Sand (« Georges Sand et Swedenborg » de André-Jean Boyer. Les Cahiers de l’Homme-Esprit, 3/73, R. Amadou) etc… Toutefois, ce n'est que durant ce 18eme siècle que le credo hermétiste regroupant diverses disciplines (Kabbale, Magie, Alchimie, Templisme, Gnosticisme) s'agrégea au sein d'une structure naissante : la Franc- Maçonnerie, et par la suite au sein d’Ordres et Associations fort semblables à elle. Enfin quelques précurseurs qui alimenteront le fond mystique avec des doctrines :

Gnostiques : (Marcion, Basilides, Valentin et leur Monde dualiste, Synésius de Ptolémaïs avec sa discipline de l’Arcane « la Vérité doit être tenue secrète, et les masses ont besoin d’un enseignement proportionné à leur raison imparfaite » : (« Les Gnostiques » de Serge Hutin), « L'élément gnostique, c'est l'accent mis sur l'existence et l'importance des esprits intermédiaires entre l'homme et Dieu ; c'est la croyance en ces éons, en ces anges auxquels les hommes sont d'ailleurs supérieurs car ils leur commandaient jadis : sephirot, Idées platoniciennes, Elohims, vertus, puissances, autant de mots qui se rapportent peut-être à un archétype identique. Mais au dix-huitième siècle, le scénario est presque toujours le même : Dieu a puni l'ange déchu en créant le monde afin de l'y enfermer, l'homme fut créé à son tour pour servir de geôlier au prévaricateur. Ce monisme, s'il est de nature gnostique, ne saurait être comparé qu'à celui de Basilide ou de Valentin, au second siècle. Déjà le néo-platonisme affirmait des idées courantes chez les physiciens romantiques ». Pour Paracelse, Nicolas de Cuse , Cornélius Agrippa et même Kepler, l'univers est comme un être vivant pourvu d'une âme, une relation d'universelle sympathie régit toutes les manifestations de la vie, d'où la croyance en la magie, en la valeur de l'arithmosophie ; les illuminés du siècle verront presque toujours dans les nombres un moyen d'accès aux plus hautes sphères de connaissance. D'autre part, contemplation néoplatonicienne et mystique chrétienne - quiétiste surtout - présentent de grandes ressemblances, et c'est à Paracelse que l'on doit d'avoir fait coïncider cette mystique avec le néo-platonisme pur, préparant ainsi la voie à l'illuminisme du XVIIIE siècle. » « Encyclopédie des mystiques » de Marie-Madeleine Davy . Vol II : L’ésoterisme chrétien d’Antoine Faivre, Petite bibliothèque Payot

Néo-platoniciennes : (Jamblique, Plotin pour le fond philosophique platonicien allié à l’ascèse austère, Porphyre pour la mystique extatique et contemplative, Proclus pour son magisme, plus tard Pic de la Mirandole pour son cabalisme chrétien ).

Pythagoriciennes : le Monde divin ne s’appréhende que par la connaissance et la maîtrise des Nombres qui l’exprime (« Les nombres ne sont pas les seules hypostases des réalités transcendantes que nous révèle le traité de la Réintégration. Ces réalités se font connaître aussi à l'initié sous la forme de figures géométriques, qu'il ne faut pas considérer comme de simples schémas destinés à représenter graphiquement des vérités purement intelligibles, mais comme un des aspects sous lesquels se manifestent l'intelligence et la volonté divines. » « L’Ordre des Elus-Cohen » de R. Le Forestier : Typologie, arithmosophie, géométrie mystique. Ed de la Table d’Emeraude). Martinez de Pasqualy , Louis-Claude de St Martin dit le Théosophe d’Amboise (« Des Nombres »), Franz Von Von Baader («Du carré pythagoricien dans la nature ou les quatre points cardinaux ») véhiculeront ce fond dans leurs œuvres

Occultiste :Cabale juive et chrétienne, Chaldéïsme (Nyctémérion), Alchimie, Astrologie, Magie égyptienne ou juive , Templisme voire Catharisme (« Magiciens et Illuminés » de Maurice Magre : La doctrine de l’Esprit . Bibliothèque Charpentier, Fasquelle Editeur. Paris), etc. et sur ces points le pire côtoie le meilleur. Antiques : Mythologies, philosophies et religions antiques qu’elles soient d’Orient ou d’Occident. Naturalistes :la connaissance de la nature participe à une vision globale du Milieu divin. Mais à l ‘inverse des Encyclopédistes, Emmanuel Swedenborg ainsi que St Martin ouvrent la route, c’est l’Homme qui explique la Nature et non l’inverse. Cependant, si Saint –Martin excelle dans sa vision théosophique de la dimension divino-humaine, c’est cependant un piètre « anthroposophe », lorsqu’il tente de décrire la « nature-naturée » de l’Homme (« Tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu, l’Homme et l’Univers», p.195,Editions du Griffon d’or,1946) .). Plus il s’avance dans les tenèbres de la constitution physiologique de l’homme, plus il s‘éloigne de la dimension divine de celui-ci, qu’il sait , par ailleurs , merveilleusement et si bien magnifier.

HOME