EMMANUEL
SWEDENBORG
TRAITE DES REPRESENTATIONS ET DES CORRESPONDANCES
Traduit du latin par J.-F.-E. LE BOYS DES GUAYS (1857)
CORRESPONDANCE DE L'OEIL ET DE LA LUMIERE AVEC LE TRES-GRAND HOMME
4403. Il m'a aussi été donné de remarquer et de savoir, par la situation et la place des esprits chez moi, et aussi par le plan dans lequel ils étaient, et par la distance dans ce plan, quels étaient ces esprits, et à quelle province du corps ils appartenaient : ceux que je voyais près de moi étaient le plus souvent des sujets de sociétés entières ; en effet, les sociétés envoient hors d'elles des Esprits vers d'autres, et par eux elles perçoivent les pensées et les affections, et ainsi communiquent ; mais, d'après la Divine Miséricorde du Seigneur, il sera parlé en particulier des Sujets, ainsi qu'ils sont appelés, ou des Esprits émissaires ; voici ce qui a été observé à leur égard : ceux qui apparaissent au-dessus et près de la tête sont ceux qui instruisent, et aussi se laissent facilement instruire sous l'occiput apparaissent ceux qui agissent en secret et avec prudence par-derrière et près du dos, ceux qui agissent pareillement, mais avec différence ; vers le thorax ou la poitrine ceux qui sont dans la charité ; vers les lombes, ceux qui sont dans l'amour conjugal ; vers les pieds, ceux qui sont naturels ; et vers les plantes des pieds, les plus grossiers de ce genre ; quant à ceux qui apparaissent vers la face, ils sont de différente nature, selon la correspondance avec les Sensorïa qui sont là ; par exemple, vers les Narines apparaissent ceux qui brillent par la perception ; vers les Oreilles, ceux qui obéissent ; et vers les Yeux, ceux qui sont intelligents et sages ; et ainsi du reste.
4404. Les sens externes, qui sont au nombre de cinq, à savoir le
Toucher, le Goût, l'Odorat, l'ouïe et la Vue, ont chacun une
Correspondance avec les Sens internes ; mais aujourd'hui, ces CorresPondances
sont à peine connues de quelqu'un, parce qu'on ne sait point qu'il
y a des Correspondances, ni, à plus forte raison, qu'il y a Correspondance
des Spirituels avec les naturels, ou, en d'autres termes, Correspondance
des choses qui appartiennent à l'homme interne avec celles qui appartiennent
à l'homme Externe : quant à ce qui concerne les Correspondances
des sens, le Sens du toucher en général correspond à
l'affection du bien ; le sens du goût à l'affection de savoir
; le sens de l'odorat, à l'affection de percevoir ; le sens de l'ouïe
à l'affection d'apprendre, puis à l'obéissance ; et
le sens de la vue, à l'affection de comprendre et de devenir sage.
4405. Si le sens de la vue correspond à l'affection de comprendre
et de devenir sage, c'est parce que la vue du corps correspond entièrement
à la vue de son esprit, ainsi à l'entendement : en effet,
il y a deux Lumières, l'une qui appartient au monde vient du soleil,
l'autre qui appartient au Ciel vient du Seigneur; dans la lumière
du monde, il n' y a rien de l'intelligence, mais dans la lumière
du Ciel il y a l'intelligence ; de là, autant chez l'homme les choses
qui appartiennent à la lumière du monde sont éclairées
par celles qui appartiennent à la lumière du Ciel, autant
l'homme comprend et devient sage ; ainsi, en tant que ces choses correspondent.
4406. Comme la Vue de l'oeil correspond à l'entendement, c'est pour
cela aussi qu'à l'entendement il est attribué une vue, et
qu'elle est appelée vue intellectuelle ; les choses dont l'homme
a l'aperception sont aussi appelées les objets de cette vue ; et
même, dans le langage ordinaire, les choses que l'on comprend, on
dit qu'on les voit : lumière et illumination, et par suite clarté,
et de l'autre côté, ombre et ténèbres, et par
suite obscurité, se disent aussi de l'entendement : ces expressions
et d'autres semblables sont venues en usage dans le langage chez l'homme
par cela qu'elles correspondent ; car son esprit est dans la lumière
du Ciel, et son corps dans la lumière du monde, et c'est l'esprit
qui vit dans le corps, et aussi qui pense ; de là plusieurs choses,
qui sont intérieures, sont ainsi tombées dans les mots.
4407. L'OEil est l'organe le plus noble de la face, et il communique avec
l'entendement d'une manière plus immédiate que les autres
organessensoria de l'homme ; il est même modifié par une atmosphère
plus subtile que celle de l'Oreille ; c'est pour cela même que la
Vue pénètre vers le sensorium interne, qui est dans le Cerveau,
par un chemin plus court et plus intérieur que celui du langage perçu
par l'oreille : de là vient aussi que certains animaux, parce qu'ils
sont privés de l'entendement, ont deux (organes), comme suppléant
les cerveaux, en dedans des orbites de leurs yeux ; en effet, leur intellectuel
dépend de leur vue ; il n'en est pas ainsi de l'homme, mais il jouit
d'un vaste Cerveau, afin que son intellectuel ne dépende point de
sa vue, mais que sa vue dépende de son intellectuel. Que la vue dépende
de l'intellectuel, on le voit clairement en ce que les affections naturelles
de l'homme se peignent d'une manière représentative dans la
face ; mais les affections intérieures, qui appartiennent à
la pensée, se manifestent dans les yeux par une certaine flamme de
vie, et de là par une vibration de lumière qui brille selon
l'affection dans laquelle est la pensée : c'est aussi ce que l'homme
connaît et observe, quoiqu'il n'en ait été instruit
par aucune science ; cela vient de ce que son esprit est en société
dans l'autre vie avec les esprits et les anges, qui le savent par une perception
évidente : que chaque homme soit, quant à son esprit, en société
avec des esprits et des anges, on le voit, n° 1277, 2379, 3644, 3645.
4408. Qu'il y ait une correspondance de la vue oculaire avec la vue intellectuelle,
c'est ce qui se manifeste clairement à ceux qui réfléchissent
; en effet, les objets du monde, qui tous tirent quelque chose de la lumière
du soleil, entrent par l'oeil et se placent dans la mémoire, et cela
évidemment sous une semblable figure visuelle, car les choses qui
en sont reproduites sont vues en dedans ; de là l'imagination de
l'homme, dont les idées sont appelées par les philosophes
idées matérielles ; quand ces objets se montrent encore plus
intérieurement, ils présentent la pensée, et cela aussi
sous quelque figure visuelle, mais plus p tire, et les idées de la
pensée sont appelées immatérielles et aussi intellectuelles
: qu'il y ait une lumière intérieure, dans laquelle il y a
la vie, par conséquent l'intelligence et la sagesse, lumière
qui éclaire la vue intérieure, et va au-devant des choses
qui sont entrées par la vue externe, cela est bien évident
; et il est de même évident que la lumière intérieure
opère selon la disposition des choses qui sont là d'après
la lumière du monde. Les choses qui entrent par l'ouïe sont
aussi changées en dedans en de semblables figures des choses visuelles
qui viennent de la lumière du monde.
4409. Comme la vue oculaire correspond à la vue intellectuelle, elle
correspond aussi aux vrais, car au Vrai se réfèrent toutes
les choses qui concernent l'entendement, et aussi au bien, à savoir,
afin que non seulement il connaisse le bien, mais aussi qu'il soit affecté
du bien : et même toutes les choses de la Vue externe se réfèrent
au Vrai et au Bien, parce qu'elles se réfèrent aux symétries
des objets, par conséquent à leurs beautés et par suite
à leurs charmes : celui qui a de la perspicacité peut voir
que dans la nature, toutes et chacune des choses se réfèrent
au vrai et au bien, et par là aussi il peut voir que la nature tout
entière est le théâtre représentatif du Royaume
du Seigneur.
4410. Par de nombreuses expériences, il m'a été donné
de connaître que la vue de l'oeil gauche correspond aux vrais qui
appartiennent à l'entendement, et l'oeil droit aux affections du
vrai qui appartiennent aussi à l'entendement ; qu'en conséquence,
l'oeil gauche correspond aux vrais de la foi, et l'oeil droit aux biens
de la foi. S'il existe une telle correspondance, c'est parce que dans la
Lumière, qui procède du Seigneur, il y a non seulement la
lumière, mais aussi la Chaleur, la lumière elle-même
est le vrai qui procède du Seigneur, et la chaleur est le bien ;
c'est de là, et aussi d'après l'influx dans les deux hémisphères
du Cerveau, qu'il existe une telle Correspondance ; car ceux qui sont dans
le bien sont à la droite du Seigneur, et ceux qui sont dans le vrai,
à sa gauche.
4411. Toutes et chacune des choses qui sont dans l'oeil ont leurs correspondances
dans les cieux, par exemple, les trois humeurs, l'aqueuse, la vitrée,
et la cristalline ; et non seulement les humeurs, mais aussi les tuniques,
même chaque partie individuellement : les choses intérieures
de l'oeil ont des correspondances plus belles et plus agréables mais
avec différence pour chaque ciel ; quand cette Lumière, qui
procède du Seigneur, influe dans le Ciel intime ou Troisième
Ciel, elle y est reçue comme bien, lequel est appelé Charité
; et quand elle influe dans le Ciel moyen ou Second ciel, médiatement
et immédiatement, elleest reçue comme Vrai, lequel procède
de la Charité ; mais quand ce Vrai influe dans le dernier ou Premier
Ciel, médiatement et immédiatement, est reçu substantiellement,
et il y apparaît comme un paradis, et ailleurs, comme une ville dans
laquelle il y a des palais ; ainsi les Correspondances se succèdent
jusqu'à la Vue externe des Anges : dans l'homme pareillement ; dans
son dernier, qui est l'oeil cela est présentés matériellement
par la vue, dont les objets sont les choses qui appartiennent au monde visible
: l'homme qui est dans l'amour et dans la charité, et par suite dans
la foi, a ses intérieurs tels, car il correspond aux trois cieux,
et il est en effigie un très petit ciel.
4412. Il y avait un certain homme que j'avais connu dans la vie du corps,
mais non quant au mental (animus) et aux affections intérieures celui-ci,
dans l'autre vie, conversa quelquefois avec moi, mais d'un peu loin ; il
se manifestait communément par des représentatifs charmants,
car il pouvait présenter des choses qui plaisaient, par exemple,
des couleurs de tout genre et de belles formes coloriées, introduire
des enfants gracieusement vêtus comme des anges, et un grand nombre
d'autres choses semblables qui étaient agréables et ravissantes
; il agissait par un influx léger et doux, et cela dans la tunique
de l'oeil gauche ; par ces représentatifs, à s'insinuait dans
les affections des autres dans le de leur faire plaisir et de rendre leur
vie agréable : il m'a été dit par les anges que de
tels esprits sont ceux qui appartiennent aux tuniques de l'oeil, et qu'ils
communiquent avec les cieux paradisiaques, où les vrais les biens
sont représentés dans une forme substantielle, ainsi qu'il
vient d'être dit, n° 4411.
4413. Que la Lumière du Ciel ait en elle l'intelligence et la sagesse
et que ce soit l'intelligence du vrai et la sagesse du bien, lesquelles
procèdent du Seigneur et apparaissent devant les yeux des anges une
Lumière, c'est ce qu'il m'a été donné de savoir
par une vive expérience : je fus élevé dans une lumière
qui scintillait comme la lumière rayonnante des diamants ; pendant
que j'étais tenu dans cette Lumière, il me sembla être
détaché des idées corporelles, et être introduit
dans les idées spirituelles, et ainsi dans les choses qui appartiennent
à l'intelligence du vrai et du bien ; les idées de la pensée
qui tiraient leur origine de la lumière du monde semblaient alors
éloignées de moi et comme ne m'appartenant point, quoiqu'elles
fussent présents obscurément : par là il me fut donné
de connaître que, autant l'homme vient dans cette lumière,
autant il vient dans l'intelligence : c'est de là que plus les Anges
sont intelligents, plus ils sont dans une lumière grande et brillante.
4414. Dans le Ciel, il y a autant de différences de lumière
qu'il y a de Sociétés angéliques qui constituent le
ciel, et même autant qu'il y a d'Anges dans chaque société
; cela vient de ce que le ciel a été ordonné selon
toutes les différences du bien et du vrai, ainsi selon tous les états
de l'intelligence et de la sagesse, par conséquent selon les réceptions
de la lumière qui procède du Seigneur ; c'est de là
que dans tout le ciel, la lumière n'est nulle part absolument semblable,
mais diffère selon qu'elle est tempérée avec l'enflammé
et le blanc éclatant, et selon les degrés d'intensité
; car l'Intelligence et la Sagesse ne sont autre chose qu'une éminente
modification de la lumière céleste qui procède du Seigneur.
4415. Les âmes récentes ou esprits novices, à savoir
ceux qui quelques jours après la mort du corps viennent dans l'autre
vie, sont extrêmement étonnés qu'il y ait dans l'autre
vie une Lumière, car ils emportent avec eux cette ignorance, que
la lumière ne vient d'autre part que du soleil et d'une flamme matérielle
; et ils savent encore moins qu'il y a une lumière qui éclaire
l'entendement, car ils ne l'ont point aperçue dans la vie du corps
; ils savent bien moins encore que cette lumière donne la faculté
de penser, et qu'en influant dans les formes qui proviennent de la lumière
du monde, elle présente toutes les choses qui appartiennent à
l'entendement : si ces esprits ont été bons, ils sont élevés
vers les sociétés célestes, afin qu'ils soient instruits,
et ils passent de sociétés en sociétés, afin
qu'ils perçoivent par une vive expérience que, dans l'autre
vie, il y a une lumière, et qu'elle est plus intense qu'aucune lumière
qui existe dans le monde ; et en même temps afin qu'ils aperçoivent
que, autant ils sont là dans la lumière, autant ils sont dans
l'intelligence : quelques-uns, qui avaient été élevés
dans les sphères de la lumière céleste, conversèrent
de là avec moi, et ils avouèrent qu'ils n'avaient jamais rien
cru de tel, et que la lumière du monde n'est relativement que ténèbres
; ils regardèrent même de là par mes yeux dans la lumière
du monde, et ils ne la perçurent que comme un brouillard ténébreux,
et ils dirent avec commisération : Dans un tel brouillard est l'homme
! D'après ce qui vient d'être dit, on peut voir aussi pourquoi
les anges célestes, dans la Parole, sont appelés anges de
lumière ; et que le Seigneur est la Lumière et par suite la
vie pour les hommes. -jean, I. 1 à 9. VIII. 12.
4416. Dans l'autre vie, d'après la Lumière dans laquelle ils
sont, les Esprits apparaissent tels qu'ils sont ; car la lumière,
dans laquelle ils Voient, correspond à la lumière d'après
laquelle ils perçoivent, ainsi qu'il a été dit : ceux
qui ont su les vrais et les ont aussi confirmés chez eux, et qui
cependant ont vécu de la vie du mal, apparaissent dans une lumière
blanche comme la neige, mais froide, telle qu'est la lumière de l'hiver
; mais quand ils s'approchent de ceux qui sont dans la lumière du
ciel, leur lumière est entièrement couverte de ténèbres,
et devient obscure ; et quand ils s'éloignent de la lumière
du ciel, elle est remplacé par une lueur jauntre comme celle
qui provient du soufre, lueur dans laquelle eux apparaissent comme des spectres,
et leurs vrais comme des fantômes ; car leurs vrais ont appartenu
à la foi persuasive, qui est telle, qu'ils ont cru parce qu'il leur
en revenait honneur, profit et réputation, et que peu leur importait,
quel fût le vrai, pourvu qu'il eût été reçu.
Mais ceux qui sont dans le mal, et par suite dans les faux, apparaissent
dans une lueur comme celle d'un feu de charbon ; cette lueur devient entièrement
noirtre à la lumière du ciel ; mais les lueurs mêmes,
d'après lesquelles ils voient, varient selon le faux et le mal dans
lesquels ils sont. Par là aussi j'ai vu pourquoi ceux qui mènent
la vie du mal ne peuvent jamais d'un cur sincère, ajouter foi
aux vrais Divins ; en effet, ils sont dans cette lueur enfumée, qui,
lorsque la lumière céleste y tombe, devient pour eux ténébreuse,
au point qu'ils ne voient ni par les yeux ni par le mental ; et, de plus,
ils tombent alors dans des angoisses, et quelques-uns dans une sorte de
défaillance ; de là vient que les méchants ne peuvent
jamais recevoir le vrai, et qu'il n'y a que les bons qui le reçoivent.
L'homme qui mène la vie du mal ne peut pas croire qu'il est dans
une telle lueur, parce qu'il ne peut pas voir la lueur dans laquelle est
son esprit, mais qu'il voit seulement la lueur dans laquelle est la vue
de son oeil, et par suite son mental naturel ; mais s'il voyait la lueur
de son esprit, et qu'il fit l'expérience de ce qu'elle deviendrait
si la lumière du vrai et du bien influait du ciel en elle, il saurait
manifestement combien il est loin derecevoir les choses qui appartiennent
à la lumière, c'est-à-dire à la foi, et combien
il est plus loin de se pénétrer de celles qui appartiennent
à la charité, par conséquent combien il est loin du
ciel.
4417. Un jour, il y eut conversation avec des Esprits au sujet de la Vie,
à savoir que personne n'a par soi-même rien de la vie, mais
que la vie vient du Seigneur, quoiqu'il semble qu'on vive par soi-même
(cf. n° 4320) ; et d'abord l'entretien roula sur ce que c'est que la
vie, à savoir que c'est comprendre et vouloir ; et que, comme tout
ce que ron comprend se réfère au vrai, et tout ce qu'on veut
au bien, n° 4409, la vie est l'intelligence du vrai et la volonté
du bien. Mais des Esprits raisonneurs disaient - il y a, en effet, des Esprits
qui peuvent être appelés raisonneurs, parce qu'ils raisonnent
sur tout, pour décider si telle chose est ou n'est point, et ceux-là
sont pour l'ordinaire dans l'obscur sur toute vérité -, eux
donc disaient que ceux qui ne sont dans aucune intelligence du vrai, ni
dans aucune volonté du bien, vivent cependant, et même croient
vivre plus que les autres ; mais il fut donné de leur répondre
que la vie des méchants leur semble, il est vrai, comme la vie, mais
que néanmoins c'est une vie qui est appelée mort spirituelle,
ce qu'ils pouvaient savoir par cela seul que comprendre le vrai et vouloir
le bien étant la vie qui procède du Divin, comprendre le faux
et vouloir le mal ne peut pas alors être la vie, parce que les maux
et les faux sont contraires à la vie elle-même : afin qu'ils
fussent convaincus, il fut montré quelle avait été
leur vie, et lorsqu'elle fut vue, elle apparut semblable à la lueur
d'un feu de charbon entremêlée de fumée; quand ils sont
dans cette lueur, ils ne peuvent faire autrement que de croire que la vie
de leur pensée et de leur volonté est uniquement la vie, et
cela d'autant plus que la lumière de l'intelligence du vrai, laquelle
appartient à la vie même, ne peut en aucune manière
leur apparaître ; car, dès qu'ils viennent dans cette lumière,
leur lueur devient ténébreuse, au point quils ne peuvent absolument
rien voir, ni par conséquent rien percevoir : quel était alors
l'état de leur vie, cela aussi fut montré en les privant du
plaisir qu'ils tirent du faux, ce qui se fait dans l'autre vie en les séparant
des Esprits dans la société desquels ils sont ; par ce fait,
ils apparurent avec une face livide comme des cadavres, tellement qu'ils
auraient pu être appelés effigies de la mort. Quant à
la vie des animaux, à en sera, d'après la Divine Miséricorde,
du Seigneur, traité en particulier.
4418. Ceux qui sont dans les enfers sont dits être dans les ténèbres,
mais ils sont dits être dans les ténèbres, parce qu'ils
sont dans les faux ; car, de même que la lumière correspond
aux vrais, de même les ténèbres correspondent aux faux
; en effet, ils sont, ainsi qu'il a été dit ci-dessus, dans
une lueur comme celle d'un feu de charbon et d'une flamme de soufre ; c'est
cette lueur qui est entendue par les ténèbres, car leur entendement
est selon cette lueur, par conséquent selon la vue qui en provient,
parce qu'il y a correspondance ; il est dit aussi ténèbres,
parce qu'à la lumière céleste ces lueurs deviennent
des ténèbres.
4419. Il y avait chez moi un Esprit qui, lorsqu'il vivait dans le monde,
avait su beaucoup de choses, et par suite avait cru qu'il était plus
sage que tous les autres ; par là, il avait contracté ce mal
que partout où il était, il voulait tout diriger ; il avait
été envoyé vers moi par une société d'Esprits,
pour qu'il leur servit de sujet, ou pour la communication, n° 4403,
et aussi pour l'éloigner d'eux, car il leur était importun
parce qu'il voulait les diriger d'après son intelligence : quand
il fut chez moi, il me fut donné de parler avec lui sur l'intelligence
qui provient du propre, et de lui dire que dans le Monde Chrétien,
elle a tant de force qu'on croit que toute intelligence vient du propre,
et qu'ainsi il n'en vient aucune de Dieu bien que, lorsqu'on parle d'après
les doctrinaux de la foi, on dise que du ciel, ainsi du Divin, procèdent
tout vrai et tout bien, par conséquent toute intelligence, car celle-ci
appartient au vrai et au bien ; mais comme cet esprit ne voulait pas faire
attention à cela, je lui disais qu'il ferait bien de se retirer,
parce que la sphère de son intelligence infestait ; mais, parce qu'il
était dans la persuasion d'être plus intelligent que les autres,
il ne voulait pas ; alors il lui fut montré par les Anges quelle
est l'intelligence d'après le propre, et quelle est l'intelligence
d'après le Divin, et cela par des lumières ; car, dans l'autre
vie, de telles choses se présentent à la vue d'une manière
merveilleuse par des bigarrures de la lumière ; l'intelligence d'après
le propre lui fut montrée par une lueur qui apparaissait comme une
lueur fantastique autour de laquelle était un bord ténébreux,
et qui en outre s'étendait à peu de distance de son foyer
; de plus, il lui fut montré qu'aussitôt qu'elle estexaminée
par quelque Société Angélique, elle s'éteint
absolument comme une lueur fantastique devant la lumière ou l'éclat
du soleil .Ensuite, il lui fut montré quelle était l'Intelligence
d'après le Divin, et aussi par une lumière ; celle-ci était
éclatante et plus brillante que la lumière du soleil à
midi, s'étendant à toute distance et se terminant comme la
lumière du soleil dans l'univers ; et il lui fut dit que l'intelligence
et la sagesse entrent de tous les côtés dans la sphère
de cette lumière, et font que le vrai et le bien y sont perçus
par une intuition presque illimitée, mais cela selon la qualité
du vrai d'après le bien.
4420. D'après ces considérations, on peut voir que les choses
qui appartiennent à la lumière du monde chez l'homme correspondent
à celles qui appartiennent à la lumière du ciel ; que
par conséquent, la vue de l'homme Externe, qui est la vue de l'oeil,
correspond à la vue de l'homme Interne, qui est la vue de l'entendement
; puis aussi que par les Lumières dans l'autre vie, on voit quelle
est l'intelligence.
4523. Quiconque possède des connaissances sur l'Air et sur le Son
peut savoir que l'Oreille a été entièrement formée
selon la nature de leurs modifications, qu'ainsi l'Oreille, quant à
son corporel et à son matériel, correspond à l'air
et au son ; et celui qui a quelques notions scientifiques sur l'Ether et
sur la Lumière sait que l'oeil quant à son corporel et à
son matériel, a été formé d'une manière
correspondante à leurs modifications ; et cela, au point que tout
ce qu'il y a d'arcane, renfermé dans la nature de l'air et du son,
a été inscrit dans l'organisme de l'oreille, et que tout ce
qu'il y a d'arcane dans la nature de l'éther et de la lumière
a été inscrit dans l'organisme de l'OEil ; celui donc qui
est expert en Anatomie et aussi en Physique peut par des recherches savoir
que non seulement les organes des sens (sensoria), mais encore les organes
moteurs (motori), comme aussi tous les viscères, quant à
leurs corporels et à leurs matériels, correspondent aux choses
qui sont dans la nature du monde, et qu'ainsi le Corps entier est un Organe
composé d'après les plus cachées de toutes les choses
qui sont dans la nature du monde, et selon leurs forces secrètes
d'agir et leurs modes admirables de fluer de là vient que l'homme
a été appelé par les Anciens petit monde ou Microcosme.
Celui qui connaît ces choses peut savoir aussi que tout ce qui est
dans le monde, et dans la nature du monde, existe non par soi, mais par
un antérieur à soi, et que cet antérieur ne peut pas
exister par soi, mais existe par un antérieur à soi, et cela
en remontant jusqu'au Premier, par Qui doivent exister en ordre les subséquents
; et comme c'est de là qu'ils existent, c'est de là aussi
qu'ils subsistent, car a subsistance est une perpétuelle existence
; à suit de là que toutes et chacune des choses, jusqu'aux
dernières de la nature, non seulement ont existé par le Premier,
mais subsistent aussi par le Premier ; car si eues n'existaient pas perpétuellement,
et s'il n'y avait pas un lien continu à partir du Premier, et ainsi
avec le Premier, eues tomberaient en pièces et périraient
à l'instant même.
4524. Maintenant, puisque toutes et chacune des choses, qui sont dans le
monde et dans la nature du monde, existent et perpétuellement existent,
c'està-dire subsistent, par des antérieurs à eues,
il s'ensuit qu'elles existent et subsistent par un Monde qui est au-dessus
de la nature, lequel est appelé Monde Spirituel ; et comme eues doivent
avoir avec ce Monde un lien continu pour qu'elles subsistent ou perpétuellement
existent, il s'ensuit que les choses les plus pures ou intérieures,
qui sont dans la nature, par conséquent qui sont dans l'homme, viennent
de là ; et qu'en outre ces choses plus pures ou intérieures
sont des formes qui peuvent recevoir l'influx : et comme il ne peut exister
qu'une seule source de vie, de même que dans la nature il n'y a qu'une
seule source de lumière et de chaleur, il est évident que
tout ce qui appartient à la vie procède du Seigneur, Qui est
le Premier de la vie ; et que, cela étant ainsi, au Seigneur correspondent
toutes et chacune des choses qui sont dans le monde spirituel, par conséquent
toutes et chacune des choses qui sont dans l'homme, car l'homme est dans
une très petite effigie un petit monde spirituel : de là aussi
l'homme spirituel est l'image du Seigneur.
4525. D'après cela, il est évident que, principalement chez
l'homme, il y a une correspondance de toutes choses avec le monde spirituel,
et que sans cette Correspondance il ne peut pas même subsister un
instant, car sans Correspondance à n'y aurait rien de continu à
partir de litre Même de la vie, c'est-à-dire à partir
du Seigneur, ainsi tout serait sans lien, et ce qui est sans lien est dissipé
comme nul. Si la Correspondance chez l'homme est plus immédiate,
et par suite plus étroite, c'est parce qu'il a été
créé pour s'appliquer à lui-même la vie qui procède
du Seigneur, et être par suite en puissance, afin que, quant aux pensées
et aux affections, il puisse être élevé par le Seigneur
au-dessus du monde naturel, et par là penser à Dieu et être
affecté du Divin, et par conséquent être conjoint au
Seigneur ; c'est en cela qu'il diffère des Animaux de la terre ;
et ceux qui peuvent ainsi être conjoints au Divin ne meurent point,
quand les corporels qui appartiennent au monde sont séparés,
car les intérieurs restent conjoints.
4526. Quant à ce qui concerne la Correspondance de la vue qui appartient
à l'OEil et dont il a commencé à être traité,
il faut qu'on sache que cette Correspondance existe avec les choses qui
appartiennent à l'Entendement, car l'entendement est la vue interne,
et cette vue interne est dans une Lumière qui est au-dessus de la
lumière du monde ; si l'homme, par les choses qui lui apparaissent
dans la lumière du monde, Peut s'acquérir l'intelligence,
c'est parce qu'une lumière supérieure, ou la lumière
du ciel, influe dans les objets qui sont d'après la lumière
du monde, et fait qu'ils apparaissent d'une manière représentative
et correspondante ; en effet, la Lumière qui est au-dessus de la
lumière du monde est celle qui procède du Seigneur, Lequel
éclaire tout le Ciel ; l'intelligence même et la sagesse même,
qui procèdent du Seigneur, apparaissent là comme Lumière
; c'est cette Lumière qui fait l'entendement ou la vue interne de
l'homme ; lorsque par l'entendement elle influe dans les objets qui sont
d'après la lumière du monde, elle fait qu'ils apparaissent
d'une manière représentative et correspondante, et ainsi d'une
manière intellectuelle. Et puisque la Vue de l'oeil, qui est dans
le monde naturel, correspond à la vue de l'entendement, qui est dans
le monde spirituel, cette vue de l'oeil correspond aux vrais de la foi,
car ces vrais appartiennent à l'entendement réel ; en effet,
les vrais font tout l'entendement de l'homme, car tout ce qui appartient
à la pensée a pour objet de reconnaître si telle chose
est ainsi, ou n'est pas ainsi ; c'est-à-dire si elle est vraie, ou
n'est pas vraie : que la vue de l'oeil corresponde aux vrais et aux biens
de la foi, on le voit ci-dessus, n° 4410.
4527. je me suis entretenu avec quelques hommes peu de jours après
leur décès, et comme alors ils étaient tout récemment
dans le monde des esprits, ils y étaient dans une lumière
qui pour eux différait peu de la lumière du monde ; or la
lumière leur apparaissant telle, ils doutaient que la lumière
leur vint d'autre part ; c'est pourquoi ils furent transportés à
l'entrée du ciel, où la lumière était encore
plus claire ; et de là, parlant avec moi, ils disaient que jamais
ils n'avaient vu une telle lumière ; et cela avait lieu quand déjà
le soleil était caché : ils étaient alors étonnés
que les Esprits eussent des yeux par lesquels ils voyaient, lorsqu'eux cependant,
dans la vie du corps, avaient cru que la vie des Esprits était seulement
la Pensée, et même abstractivement sans un sujet, par la raison
qu'ils n'avaient pu penser sur aucun sujet de la pensée, parce qu'ils
n'en avaient vu aucun ; et cela étant ainsi, ils n'avaient pas alors
perçu autrement, sinon que la pensée, puisqu'elle serait seule,
serait dissipée avec le corps dans lequel elle était, absolument
comme un souffle léger (aura) ou comme un feu, à moins qu'elle
ne fût contenue et ne subsistt d'une manière miraculeuse
par le Seigneur ; et ils virent alors combien les érudits tombent
facilement dans l'erreur sur la Vie après la mort, et que ceux-là
plus que les autres ne croient que ce qu'ils voient ; ils étaient
donc alors très étonnés de ce qu'ils avaient non seulement
la pensée, mais encore la vue et aussi tous les autres sens, et surtout
de ce qu'ils apparaissent à eux-mêmes absolument comme hommes,
de ce qu'ils se voyaient mutuellement, s'entendaient, conversaient ensemble,
sentaient leurs membres par le toucher, et cela, d'une manière plus
exquise que dans la vie du corps : ensuite, ils furent très surpris
que l'homme, quand il vit dans le monde, ignore cela absolument ; et ils
éprouvèrent un sentiment de commisération pour le Genre
humain de ce qu'il ne sait aucune de ces choses, parce que les hommes ne
croient rien, principalement ceux qui sont plus que les autres dans la lumière,
à savoir'. ceux qui sont au-dedans de l'Eglise et ont la Parole.
Quelques-uns d'eux n'avaient cru autre chose, sinon que les hommes après
la mort étaient comme des larves, opinion dans laquelle ils s'étaient
confirmés d'après les spectres dont ils avaient entendu parler
; mais ils n'en avaient tiré d'autre conclusion, sinon que c'était
une sorte de vital grossier, qui d'abord est exhalé de la vie du
corps, mais qui de nouveau retombe sur le cadavre, et ainsi est éteint.
D'autres avaient cru qu'ils ne ressusciteraient qu'au temps du jugement
dernier quand le monde devait périr, et qu'ils ressusciteraient alors
avec le corps qui, tombé en poussière, serait à ce
moment recomposé ; et qu'ainsi ils ressusciteraient en os et en chair
; et comme ce jugement dernier, ou cette destruction du monde, avait en
vain été attendu pendant plusieurs siècles, ils étaient
tombés dans cette erreur qu'ils ne devaient jamais ressusciter, ne
pensant alors à rien de ce qu'ils avaient appris par la Parole, ni
à ces propos qu'ils avaient même parfois tenus, que, quand
l'homme meurt, son âme est dans la main de Dieu, parmi les heureux
ou les malheureux, selon la vie qu'il s'est faite ; ni aux expressions dont
le Seigneur s'est servi en parlant du Riche et de Lazare ; mais ils furent
instruits que le dernier jugement existe pour chacun, quand il meurt, et
qu'alors il se voit doué d'un corps comme dans le monde, et jouissant,
comme dans le monde, de tous ses sens, mais plus purs et plus exquis, parce
que les corporels ne font plus obstacle, et que les choses qui appartiennent
à la lumière du monde n'obscurcissent pas celles qui appartiennent
à la lumière du ciel ; qu'ainsi ils sont dans un corps qui
est comme purifié ; et qu'ils n'y pourraient jamais être entourés
d'un corps d'os et de chair comme dans le monde, parce que ce serait être
de nouveau enveloppé d'une poussière terrestre. je me suis
entretenu sur ce sujet avec quelques Esprits le jour même que leurs
corps étaient mis au tombeau ; ils voyaient par mes yeux leur cadavre,
le lit mortuaire et l'ensevelissement ; et ils disaient qu'ils rejettent
ce cadavre, et que cela leur avait servi pour les usages dans le monde où
ils avaient été, et qu'ils vivent maintenant dans un corps
qui leur sert pour les usages dans le monde où ils sont présentement
: ils voulaient même que j'annonçasse cela à leurs parents
qui étaient dans le deuil ; mais il me fut donné de répondre
que si je le leur annonçais, ils s'en moqueraient, parce qu'ils croient
que ce qu'ils ne peuvent pas voir eux-mêmes par leurs yeux n'est rien,
et qu'ainsi ils mettraient cela au rang des visions qui sont des illusions
; en effet, ils ne peuvent pas être amenés à croire,
que les Esprits se voient mutuellement de leurs yeux, de même que
les hommes se voient mutuellement des leurs ; et que l'homme ne peut voir
les Esprits que des yeux de son esprit, et qu'alors il les voit quand le
Seigneur lui ouvre la vue interne, comme il fut fait pour les Prophètes,
qui ont vu des Esprits et des Anges, et aussi plusieurs choses du ciel ;
est-ce que ceux qui vivent aujourd'hui auraient cru ces choses, s'ils eussent
vécu dans ce temps ? Il y a lieu d'en douter.
4528. L'oeil ou plutôt la vue de l'oeil correspond principalement
à ces sociétés qui, dans l'autre vie, sont dans des
lieux paradisiaques lesquels apparaissent audessus par devant un peu sur
la droite, où se présentent à la vue d'une manière
vivante (ad vivum) des jardins avec des arbres et des fleurs de tant de
genres et d'espèces que ceux qui sont sur la terre entière
sont respectivement en petit nombre ; là, dans tous les objets, il
y a quelque chose de l'intelligence et de la sagesse, qui brille, de sorte
qu'on dirait que dans les paradis ces objets sont en même temps des
intelligences et des sagesses ; ce sont ces choses qui affectent par les
intérieurs ceux qui sont là, et réjouissent ainsi non
seulement la vue, mais en même temps aussi l'entendement. Ces paradisiaques
sont dans le Premier Ciel, et à l'entrée même qui conduit
vers les intérieurs de ce ciel, et ce sont des représentatifs
qui descendent du ciel supérieur, quand les anges du ciel supérieur
parlent intellectuellement entre eux des vrais de la foi ; la conversation
des anges s'y fait par des idées spirituelles et célestes,
qui pour eux sont les formes des mots, et continuellement par des séries
de représentations d'une telle beauté et d'un tel charme qu'a,
n'est nullement possible de les exprimer ; ce sont ces beautés et
ces charmes de leur conversation, qui sont représentés comme
des Paradisiaques dans le ciel inférieur : ce ciel a été
distingué en plusieurs, cieux, auxquels correspondent, chacune en
particulier, les choses qui sont dans les Chambres de l'oeil ; il y a le
ciel où sont les jardins paradisiaques, dont il vient d'être
parlé ; il y a le ciel où sont des atmosphères de diverses
couleurs, où l'aure tout entière (aura) lance comme des éclairs
d'or, d'argent, de perles, de pierres précieuses, de fleurs en formes
très petites, et d'innombrables autres choses ; il y a le ciel iridé,
où sont de très beaux arcsen-ciel, grands et petits, bigarrés
par les couleurs les plus resplendissantes : chacune de ces choses existe
par la Lumière qui procède du Seigneur, dans laquelle il y
a l'intelligence et la sagesse ; de là vient que dans chaque objet,
il y a quelque chose de l'intelligence du vrai et de la sagesse du bien,
qui se montre ainsi d'une manière représentative. Ceux qui
n'ont eu aucune idée du ciel, ni de la Lumière du ciel, peuvent
difficilement être amenés à croire qu'il y existe de
tels objets ; c'est pourquoi ceux qui portent avec eux dans l'autre vie
cette incrédulité, s'ils ont été dans le vrai
et dans le bien de la foi, sont transportés par les Anges au milieu
de ces merveilles et lorsqu'ils les voient, ils sont dans le plus grand
étonnement : sur les Paradisiaques, les Atmosphères et les
Iridés, voir ce qui a été précédemment
rapporté d'après l'expérience, n° 1619 à
1626, 2296, 3220 : que dans les cieux a y ait de continuelles représentations,
on le voit, n° 1807, 1808, 1971, 1980, 1981, 2299, 2763, 3213, 3216,
3217, 3218, 3222, 3350, 3475, 3485.
4529. Un homme qui, dans le monde savant, avait acquis de la célébrité
et une grande réputation par son habileté dans la science
de la Botanique, étant mort, apprit dans l'autre vie que là
aussi, des fleurs et des arbres se présentent à la vue ; à
cette nouvelle, il fut dans un grand étonnement ; et comme la botanique
avait été le plaisir de sa vie, il fut embrasé du désir
de voir si cela était ainsi ; c'est pourquoi, ayant été
transporté dans les Paradisiaques, il y vit dans une étendue
immense les plus beaux vergers et les plus charmants parterres ; et comme
alors il vint par l'affection dans l'ardeur de son plaisir, illui fut Permis
de parcourir la campagne, et non seulement de voir en particulier les végétaux,
mais aussi d'en cueillir, de les approcher de son oeil, et d'examiner comment
était la chose ; cet esprit conversa avec moi sur ce sujet ; il me
dit même qu'il n'aurait jamais cru cela, et que si dans le monde on
entendait dire de telles choses, on mettrait cela au nombre des Paradoxes,
et, de plus, il rapportait qu'on y découvrait en immense quantité
des fleurs végétales qui n'ont jamais été vues
dans le monde, et qui y seraient à peine saisissables par quelque
perception, et que toutes ces fleurs brillent d'une splendeur incompréhensible,
parce qu'elles Proviennent de la lumière du ciel ; il ne pouvait
pas encore percevoir que l'éclat était d'origine spirituelle,
à savoir que dans chacune de ces fleurs, il y avait quelque chose
de l'intelligence et de la sagesse qui appartiennent au vrai et au bien,
dont elles tiraient cet éclat : de plus, il me disait que les hommes
de la terre ne croiraient cela en aucune manière, par la raison qu'il
y en a peu qui croient à l'existence d'un ciel et d'un enfer, et
que ceux qui croient savent seulement que dans le ciel il y a joie ; et,
parmi ceuxci, il en est peu qui sachent qu'il y existe des choses que l'oeil
n'avait jamais vues, que l'oreille n'avait jamais entendues, et que le mental
n'avait jamais pu penser ; et cela, quoiqu'ils sachent d'après la
Parole que des choses étonnantes ont été vues par les
Prophètes, comme celles que jean vit en grand nombre, et dont il
est parlé dans l'Apocalypse, lesquelles cependant n'étaient
que des représentatifs qui existent continuellement dans le Ciel,
et qui apparurent à jean quand sa vue interne lui fut ouverte.
Mais ce sont là des choses qui sont respectivement d'une légère importance ; ceux qui sont dans l'intelligence même et dans la sagesse même, d'où ces choses proviennent, sont dans un tel état de félicité que les merveilles qui viennent d'être rapportées sont pour eux au nombre des moins importantes . quelquesuns même qui avaient dit, quand ils étaient dans les Paradisiaques, qu'ils surpassaient tout degré de félicité, ayant été transportés plus avant vers la droite dans un ciel qui brillait encore plus de splendeur, et enfin vers ce ciel où l'on perçoit aussi la béatitude de l'intelligence et de la sagesse qui est dans les objets et, pendant qu'ils y étaient, s'étant aussi entretenus avec moi, me disaient que les choses qu'ils avaient précédemment vues n'étaient respectivement que des riens ; et, en dernier lieu, ils furent portés vers un ciel O, à cause du bonheur et de l'affection intérieure, ils pouvaient à peine subsister, car ce bonheur pénétra jusqu'aux parties Médullaires, lesquelles étant presque fondues en raison du bonheur, ils commençaient à tomber dans une sainte défaillance.
4530. Dans l'autre vie, on voit aussi des couleurs qui, par la splendeur
et le brillant de l'éclair, surpassent tellement l'éclat des
couleurs dans le monde qu'on peut à peine établir quelque
comparaison ; elles y sont produites par la bigarrure de la lumière
et de l'ombre ; et comme là c'est l'intelligence et la sagesse procédant
du Seigneur, qui apparaissent comme lumière devant les yeux des Anges
et des Esprits, et qui tout à la fois éclairent à l'intérieur
leur entendement, les couleurs dans leur essence y sont des variations ou,
pour mieux dire, des modifications de l'intelligence et de la sagesse :
là, les couleurs - non seulement celles par lesquelles sont parées
les fleurs, sont éclairées les atmosphères, et sont
variés les arcs-en-ciel, mais aussi celles qui se présentent
distinctes dans d'autres formes - ont été vues par moi si
souvent que je pourrais à peine en dire le nombre de fois ; la splendeur
leur vient du vrai qui appartient à l'intelligence, et le brillant
de l'éclair leur vient du bien qui appartient à la sagesse,
et les couleurs viennent elles-mêmes du clair et de l'obscur, par
conséquent de la lumière et de l'ombre comme les colorations
dans le monde. C'est de là que les Couleurs, dont ilest fait mention
dans la Parole, comme celles des pierres précieuses dans le pectoral
d'Aaron et sur ses vêtements de sainteté, celles des rideaux
de la tente où était l'Arche, et celles des pierres du fondement
de la Nouvellejérusalem, dont il est parlé par jean dans l'Apocalypse,
et ailleurs, ont représenté des choses qui appartiennent à
l'intelligence et à la sagesse : quant à ce que représente
chacune de ces couleurs c'est ce qui sera dit, d'après la Divine
Miséricorde du Seigneur, dans les explications : en général,
dans le ciel, autant les couleurs ont de splendeur et tiennent du blanc
éclatant, autant elles procèdent du vrai qui appartient à
l'intelligence, et autant elles ont du brillant de l'éclair et tiennent
du pourpre, autant elles procèdent du bien qui appartient à
la sagesse : celles qui tirent de là leur origine appartiennent aussi
aux provinces des yeux.
4531. Comme c'est l'Intelligence et la Sagesse procédant du Seigneur
qui apparaissent comme lumière dans le Ciel, voilà pourquoi
les Anges sont nommés Anges de lumière ; de même, comme
c'est la sottise et la folie provenant du propre qui règnent dans
l'enfer, voilà pourquoi les infernaux sont nommés Anges de
ténèbres ; dans l'enfer, il est vrai, iln'y a pas de ténèbres,
mais là il y a une lueur obscure, comme celle d'un feu de charbon,
dans laquelle ils se voient mutuellement ; autrement, ilsne pourraient pas
vivre : cette lueur leur vient de la lumière du ciel, qui est ainsi
changée, quand elle tombe dans leurs Folies, c'est-à-dire
dans leurs faussetés et dans leurs cupidités : le Seigneur
est partout présent avec la lumière, même dans les enfers,
autrement il n'y aurait pour les infernaux aucune faculté de penser
ni par conséquent de parler ; mais la lumière devient conforme
à la réception.
C'est cette lueur qui, dans la Parole, est appelée ombre de mort, et est comparée aux ténèbres ; elle est changée aussi pour eux en ténèbres, quand ils approchent de la lumière du ciel ; et lorsqu'ils sont dans les ténèbres, ilssont dans l'extravagance et dans la stupidité. De là on peut voir que, de même que la Lumière correspond au Vrai, de même les ténèbres correspondent au faux; et que ceux qui sont dans les faux sont dits être dans l'aveuglement.
4532. Ceux qui croient comprendre par eux-mêmes le bien et le vrai,
et qui par suite se fient à eux seuls, et pensent ainsi être
plus sages que tous les autres, lorsque cependant ils sont dans l'ignorance
du bien et du vrai, principalement ceux qui ne veulent point comprendre
le bien et le vrai, et sont par suite dans les faux, ceux-là dans
l'autre vie sont parfois mis dans un état de ténèbres,
et quand ils y sont, ils parlent avec extravagance, car ils sont dans la
stupidité ; il m'a été dit que leur nombre est très
grand, et que parmi eux il y en a qui s'étaient cru placés
dans la plus grande lumière, et qui avaient paru aussi tels aux autres.
4533. Au nombre des merveilles qui existent dans l'autre vie, il y a encore
celle-ci, que quand des Anges du ciel portent leurs regards sur de mauvais
esprits, ceux-ci apparaissent tout à fait autrement qu'ils n'apparaissent
entre eux. Quand les mauvais esprits et les mauvais génies sont entre
eux, et dans leur lueur fantastique, telle que celle d'un feu de charbon,
ainsi qu'il a été dit, ils se voient dans une forme humaine,
et même selon leurs fantaisies elle n'est pas laide ; mais quand ces
esprits et ces génies sont examinés par les Anges du ciel,
aussitôt cette lueur est dissipée, et ils paraissent avec une
tout autre face, chacun selon sa nature ; les uns, bruns et noirs comme
des diables ; d'autres avec une face livide comme des cadavres d'autres,
presque sans face, et au lieu de la face quelque chose de poilu d'autres,
comme un ratelier de dents ; d'autres, comme des squelettes ; et, ce qui
est encore plus étonnant, quelques-uns comme des monstres les fourbes,
comme des serpents ; les plus fourbes, comme des vipères et d'autres,
autrement : mais sitôt que les Anges détournent d'eux leur
vue, ils apparaissent dans leur précédente forme, qu'ils ont
dans leur lueur. Les Anges inspectent les méchants autant de fois
qu'ils remarquent que, de leurs enfers, ils font des efforts contre le monde
des esprits et cherchent à faire du mal aux autres ; par là,
ces méchants sont découverts et repoussés. Ce qui fait
qu'il y a dans la vue des Anges une telle efficacité, c'est qu'il
existe une Correspondance entre la vue intellectuelle et la vue oculaire
; de là, il y a dans leur vue une perspicacité par laquelle
est dissipée la lueur infernale, et les mauvais esprits apparaissent
avec la forme et le génie qu'ils ont réellement.