De la Confession des péchés et de la Repentance

DOCTRINE DE LA CHARITE
PAR EMMANUEL SWEDENBORG
EXTRAITE DES ARCANES CELESTES
TRADUITE DU LATIN PAR J.-F.-E. LE BOIS DES GUAYS
1885

SWEDENBORG


Celui qui veut être sauvé doit confesser ses péchés et se repentir.
Confesser des péchés, c'est connaître des maux, les voir chez soi, les reconnaître, se déclarer coupable, et à cause de ses maux se condamner ; quand cela se fait devant Dieu, c'est confesser des péchés.
Se repentir, c'est, après avoir ainsi confessé les Péchés et en avoir demandé d'un cœur humble la rémission, y renoncer et mener une vie nouvelle selon les Préceptes de la foi.
Celui qui seulement d'une manière générale reconnaît qu'il est un pécheur, et se déclare coupable de tous les maux sans s'examiner, c'est-à-dire, sans voir ses péchés, fait une confession, mais non la confession de la repentance, car il vit ensuite comme auparavant.
Celui qui mène la vie de la foi fait chaque jour acte de repentance car il réfléchit sur les maux qui sont chez lui, il les reconnaît, il s'en garde, il supplie le Seigneur de lui donner du secours: en effet, l'homme tombe continuellement par lui-même, mais il est continuellement relevé par le Seigneur ; il tombe par lui-même quand il pense vouloir le mal, et il est relevé par le Seigneur quand il résiste au mal, et que par suite il ne le fait pas.: tel, l'état de tous ceux qui sont dans le bien ; ceux, au contraire, qui sont dans le mal, tombent continuellement et sont aussi relevés continuellement par le Seigneur mais afin qu'ils ne tombent point dans l'enfer le plus terrible de tous, où ils tendent par eux-mêmes de tous leurs efforts, et que ce ne soit que dans un enfer plus doux.
La repentance qui se fait dans un état libre a de l' efficacité, mais celle qui se fait dans un état contraint n'en a pas : l'état contraint est l'état de maladie, l'état d'abattement par suite d'infortune, l'état d'une mort imminente, en un mot, tout état de crainte qui prive de l'usage d'une raison saine : celui qui est méchant, et qui dans l'état contraint promet de se repentir, et même fait le bien, celui-là, quand il vient dans l'état libre, retourne dans sa précédente vie du mal : il en est autrement de l'homme bon, ces états sont pour lui des états d'une tentation, dans laquelle il est victorieux
La repentance de la bouche sans celle de la vie n'est point la repentance : par la repentance de la bouche, péchés ne sont point remis, mais ils le sont par la repentance de la vie. Les péchés sont continuellement remis à l'homme par le Seigneur, car il est la miséricorde même ; mais les péchés s'attachent à l'homme, qui pense qu'ils ont été remis, et ils ne sont éloignés de lui que par une vie selon les préceptes de la foi ; autant il vit selon ces préceptes, autant les péchés sont éloignés, et autant ils sont éloignés, autant ils sont remis; en effet, l'homme est détourné du mal par le seigneur et tenu dans le bien ; et il peut être détourné du mal dans l'autre vie autant qu'il a résisté au mal dans la vie du corps, et il peut alors être tenu dans le bien autant qu'il a fait le bien par affection dans la vie du corps : par là on peut voir ce que c'est que la rémission des péchés, et d'o elle vient : celui qui croit que les péchés sont remis autrement est dans une grande erreur.
Après que l'homme s'est examiné, a reconnu ses péchés et s'est repenti, il doit rester constamment dans le bien jusqu'à la fin de la vie : si, au contraire, il retombe ensuite dans sa précédente vie du mal et s'y attache, alors il profane, car alors le mal est conjoint au bien ; de là son dernier état est pire que le premier, selon les paroles du Seigneur : ´ Quand l'esprit immonde sort de l'homme, il parcourt des lieux arides, cherchant du repos, mais il n'en trouve point ; alors il dit : Je retournerai dans ma maison, d'o je suis sorti ; et, étant venu, il la trouve vide, et balayée et ornée pour lui ; alors il s'en va, et il s'adjoint sept autres esprits pires que lui ; et, étant entrés, ils habitent là: et le dernier ( état ) de cet homme devient pire que le premier. -Matt. XII. 43, 44, 45
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