comment se fait la Conjonction du bien de la
DOCTRINE DE LA
CHARITE
PAR EMMANUEL SWEDENBORG
EXTRAITE DES ARCANES CELESTES
TRADUITE DU LATIN PAR J.-F.-E. LE BOIS DES GUAYS
1885
SWEDENBORG
charité avec le vrai de la foi.
C'est au Vrai et au Bien que se rapportent toutes choses dans l'univers,
celles qui ne s'y rapportent pas ne sont pas dans l'ordre Divin ; et celles
qui ne se rapportent pas à l'un et à l'autre en même
temps ne produisent rien; le bien est ce qui produit et le vrai est ce par
quoi la chose est produite.
Que ceci serve d'illustration pour ce qui a lieu à l'égard
du bien et du vrai spirituels qu'on nomme charité et foi, à
savoir, que toutes les choses qui appartiennent à l'église
se rapportent à ce bien et à ce vrai, et que celles qui ne
s'y rapportent pas n'ont en elles rien de l'église ; et ensuite que
celles qui ne contiennent pas en elles l'un et l'autre ne produisent aucun
fruit, c'est-à-dire, aucun bien de la charité ou de la foi.
En effet, pour que quelque chose soit produit, il faut qu'il y ait deux
forces, l'une appelée active et l'autre appelée passive ;
l'une n'enfante rien sans l'autre : la charité et la foi dans l'homme
de l'église sont de telles forces ou de telles vies.
La première chose de l'église est le Bien, la seconde est
le Vrai ; ou, la première chose de l'église est la charité,
et la seconde est la foi ; car le vrai de la doctrine de la foi est pour
le bien de la vie ; ce qui est la fin propter quem [pour laquelle on agit]
est le premier.
¿ l'égard de la conjonction du bien qui appartient à
la charité et du vrai qui appartient à la foi, chez l'homme,
voici ce qui se passe : Le Bien qui appartient à la charité
entre par l'âme chez l'homme, mais le vrai qui appartient à
la foi entre par l'ouÔe; celui là influe du Seigneur immédiatement,
et celui-ci médiatement par la Parole ; de là le chemin par
lequel entre le bien de la charité est appelé chemin interne,
et le chemin par lequel entre le vrai de la foi est appelé chemin
externe ; ce qui entre par un chemin interne n'est point perçu, parce
que cela ne tombe, pas manifestement dans le sens ; mais ce qui entre par
un chemin externe est perçu, parce que cela tombe manifestement dans
le sens ; de la vient que le tout de l'église est attribué
à la foi. Il en est autrement chez ceux qui ont été
régénérés ; chez ceux-ci le bien qui appartient
à la charité est manifestement perçu.
La conjonction du bien de la charité avec le vrai de la foi se fait
dans les intérieurs de l'homme; le bien même qui influe du
Seigneur y adopte le vrai et se l'approprie, et ainsi il fait que chez l'homme
le bien est le bien et que le vrai est le vrai, ou que la charité
est la charité et que la foi est la foi ; sans cette conjonction
la charité n'est pas la charité, mais c'est seulement la bonté
naturelle ; et la foi n'est pas la foi, mais c'est seulement la science
des choses qui appartiennent à la foi, et souvent la persuasion que
telle chose est ainsi, afin d'obtenir avec usure du profit ou de l'honneur.
Quand le vrai a été conjoint au bien, il n'est plus appelé
vrai, mais bien ; de même quand la foi a été conjointe
à la charité, elle n'est plus appelée foi, mais charité
; cela 'vient de ce qu'alors l'homme vent et fait le vrai, et ce qu'il veut
et fait est appelé bien.
Voici ce qui se passe ensuite à l'égard de la conjonction
du bien de la charité avec le vrai de la foi ; ce bien acquiert sa
qualité par le vrai, et le vrai a son essence par le bien ; il s'ensuit
que la qualité du bien est selon les vrais avec lesquels il est conjoint
; en conséquence le bien devient réel, si les vrais avec lesquels
il est conjoint Sont réels; les vrais réels de la foi peuvent
être donné au dedans de l'église, ils ne peuvent pas
l'être hors de l'église, car au dedans de l'église il
y a la Parole.
Outre cela, le bien de la Charité reçoit encore sa qualité
de l'abondance des vrais de la foi puis aussi de l'enchaînement d'un
vrai avec un autre c'est ainsi qu'est formé le bien spirituel chez
l'homme.
Il y a une grande distinction à faire entre le bien spirituel et
le bien naturel. Le bien spirituel tire sa qualité des vrais de la
foi, de leur abondance, et de l'enchaînement, ainsi qu'il a été
dit; mais le bien naturel naît avec l'homme, et en outre il existe
accidentellement, ainsi, par des infortunes, des maladies et autres événements
semblables : le bien naturel ne sauve personne, mais le bien spirituel sauve
tous ceux qui l'acquièrent ; et cela, parce que le bien, qui est
formé par les vrais de la foi, est un plan dans lequel le ciel, c'est-à-dire,
le Seigneur par le ciel, peut influer, et conduire l'homme, et le détourner
du mal, et ensuite l'élever dans le ciel ; mais il n'en est pas de
même du bien naturel ; c'est pourquoi ceux qui sont dans le bien naturel
peuvent être entraînés par le faux aussi facilement que
par le vrai, pourvu que le faux se montre dans la forme du vrai, et peuvent
être conduits par le mal aussi facilement que par le bien, pourvu
que le mal se présente comme bien ils sont semblables à des
plumes exposées au vent.
La confiance ou l'assurance, qui se dit de la foi et est appelée
foi, est une confiance ou assurance naturelle, mais non pas spirituelle
; la confiance ou assurance spirituelle a son essence et sa vie par le bien
de l'amour, mais non par le vrai de la foi séparé de, ce bien
; la confiance de la foi séparée est morte ; c'est pour cela
que la vraie confiance ne petit pas exister chez ceux qui ont mené
une vie mauvaise. La confiance même qu'il y a salivation par la mérite
du Seigneur, quelle qu'ait été la vie, n'existe pas non plus
d'après le vrai.