LA
MEDITATION
Sedir
La méditation est l'activité par laquelle se construit la
pensée. C'est un acte de la puissance volitive qui s'empare des matériaux
fournis par la mémoire et les sens, les triture, les assimile pour
les faire passer à une stase plus spirituelle. Des besoins et des
sensations elle fait des notions de sens commun; des passions et des sentiments,
des opinions rationnelles; des intuitions et des idées, des pensées
de sagesse. A son tour la pensée volitive reprend chacun de ces trois
produits; elle les dénombre par l'attention et la perception, les
analyse par la répétition et la réflexion; elle les
compare et les juge: de là l'analogie et la synthèse; elle
les retient par la mémoire et les classe: c'est ainsi que s'élaborent
les méthodes. Alors elle parvient au discernement, à la compréhension
des concepts; puis l'imagination, grâce au pouvoir qu'elle possède
d'abstraire et de généraliser, peut créer la pensée.
La pensée est un véritable enfant de l'homme psychologique
comme l'enfant est une pensée de l'homme corporel, ou l'univers une
pensée de Dieu.
Les directeurs de conscience ont préconisé diverses méthodes
de méditation: elles ne diffèrent que par la plus ou moins
grande division des points ou par le caractère plus ou moins cérébral
ou sentimental qu'on propose au sujet. Je ne puis que résumer brièvement
leurs préceptes:
La préparation est d'une importance primordiale. La méditation
est comme une incursion dans le pays des idées pures et des sentiments
parfaits; il faut mettre notre être intellectuel en état de
respirer l'atmosphère de ces régions inaccoutumées.
Nous commencerons donc par nous placer devant le Christ qui est la Vérité,
qui est surtout l'Amour; Il est présent en nous, Il nous regarde,
Il est là, devant nous. Nous nous humilierons de notre faiblesse
intellectuelle et spirituelle et nous Lui demanderons Son aide.
Puis nous fixerons notre pensée sur l'Évangile qui est la
Norme; sur celui de ses épisodes qui paraît s'approcher le
mieux de la Vérité que nous cherchons; nous ferons entrer
en activité la mémoire, la raison, l'imagination, l'enthousiasme,
afin que la scène choisie soit aussi vivante, aussi objective qu'il
est possible. Nous la verrons comme se déroulant sous nos yeux, nous
y serons même acteurs. Si notre ferveur intime est réelle,
notre coeur nous portera à l'adoration.
Alors nous contemplerons la Vérité méditée,
aussi pure, aussi essentielle que nous serons capables de la percevoir.
Et cette Vérité extérieure descendante répondra
à la Vérité intérieure qui tend vers l'Absolu;
elle nous révélera à nous-mêmes notre infériorité,
nos laideurs, tout ce qui nous retient loin de la Splendeur incréée.
Ainsi nous apprendrons la prière, car c'est avec une ferveur singulière
que nous demanderons au Christ miséricordieux de manifester en nous
cette Vérité que nous ne connaîtrons que par une perception
lointaine et fugitive; et nous implorerons cette grâce uniquement
afin d'être pour Lui de moins indignes serviteurs. Si notre prière
est exaucée, nous Le remercierons parce qu'il n'aura pas eu égard
à notre misère et si notre prière n'est pas exaucée,
nous Le remercierons encore parce qu'il aura eu pitié de notre faiblesse
et qu'il n'aura pas voulu qu'une splendeur trop éblouissante jette
le trouble dans notre fragile intellect.
Enfin nous nous souviendrons que c'est par la seule obéissance que
nous pourrons parvenir à la possession de la Vérité
et nous remercierons le Père très bon d'avoir bien voulu,
par le moyen de Son Fils, nous éclairer de Son Esprit. Et, pour Lui
témoigner notre gratitude, nous reprendrons la tâche quotidienne,
qui est pour nous l'expression de Sa Volonté, avec une ferveur renouvelée.
Car le dernier mot de la méditation, c'est le silence en nous, silence
des hommes, des livres et de nous-mêmes, silence devant Dieu seul;
c'est la contemplation, mais une contemplation qui fixe le mental en concentrant
ses forces sur l'unique Réalité et qui rend possibles des
réalisations de plus en plus précises et de plus en plus riches.