De l'Amour envers Dieu et de l'Amour à l'égard du prochain.
Emmanuel Swedenborg


De l'Amour envers Dieu et de l'Amour à l'égard du prochain.
Personne ne peut savoir ce que c'est que le bien compris dans le sens spirituel, à moins qu'il ne sache ce que c'est que l'Amour à l'égard du prochain et l'Amour envers Dieu ; et personne ne peut savoir ce que c'est que le mal, à moins qu'il ne sache ce que c'est que l'amour de soi et l'amour du monde. Nul non plus ne peut savoir, d'après une reconnaissance intérieure, ce que c'est que le vrai qui appartient à la foi, à moins qu'il ne sache ce que c'est que le bien, et à moins qu'il ne soit dans le bien ; et nul ne peut savoir ce que c'est que le faux, à moins qu'il ne sache ce que c'est que le mal. Personne donc ne peut se scruter, à moins qu'il ne sache ce que c'est que le bien procédant de ces deux amours et le vrai procédant du bien, et à moins qu'il ne sache ce que c'est que le mal provenant de ces deux amours et le faux provenant du mal.
Il y a deux facultés chez l'homme, l'une est appelée l'entendement, et l'autre la Volonté ; la volonté a été donnée à l'homme pour le bien qui appartient à l'amour, et l'entendement pour le vrai qui appartient à la foi ; car le bien qui appartient à l'amour se réfère à la volonté, et le vrai qui appartient à la foi se réfère à l'entendement : l'une de ces facultés communique admirablement avec l'autre. Elles se consignent chez ceux qui sont dans le bien et par suite dans le vrai ; et elles se consignent aussi chez ceux qui sont dans le mal et par suite dans le faux: chez ceux-là et chez ceux-ci ces deux facultés font un seul mental : il en est autrement chez ceux qui sont dans le vrai quant à la foi et dans le mal quant à la vie, et chez ceux qui sont dans le faux quant à
la foi et dans le bien apparent quant à la vie.


Il n'est pas permis à l'homme de diviser son mental, ni de séparer mutuellement l'une de l'autre ces deux facultés, c'est-à-dire, de comprendre et prononcer le vrai, et de vouloir. et faire le mal ; car alors l'une de ces facultés regarderait en haut ou vers le ciel, et l'autre regarderait en bas ou vers l'enfer, et ainsi l'homme serait suspendu entre l'un et l'autre : mais qu'il sache que c'est la volonté qui entraîne, et l'entendement qui seconde. D'après cela on voit clairement ce qu'il en est de la foi et de l'amour, et ce qu'il en est de l'état de l'homme, si la foi et l'amour sont séparés.
Rien n'est plus nécessaire à l'homme, que de savoir s'il a en lui le ciel, ou s'il a l'enfer, car il doit vivre éternellement dans l'un ou dans l'autre : pour le savoir, il est indispensable qu'il sache ce que c'est que le bien et ce que c'est que le mal, car le bien constitue le ciel, et le mal constitue l'enfer': la doctrine de la charité enseigne l'un et l'autre.
Il est dit l'amour envers Dieu et il est entendu l'amour envers le Seigneur, car il n'y a point d'autre Dieu ; le Père est en Lui - Jean, XIV. 9, 10, 11, - et le saint de l'esprit procède de Lui, - Jean, XVI. 13, 14, 15.

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